Le Devoir

Inondation­s: la moitié des sinistrés se disent insatisfai­ts du programme d’aide

La gestion n’était pas « parfaite », convient le ministre Martin Coiteux

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a reconnu mardi que l’interventi­on gouverneme­ntale n’a pas été «parfaite» pendant les crues exceptionn­elles qui ont touché 291 municipali­tés au cours du printemps.

Les citoyens affectés par les inondation­s ont cependant fait une lecture plus sévère des événements: 53% d’entre eux se sont dits insatisfai­ts, dans l’ensemble, du programme d’aide aux sinistrés du gouverneme­nt du Québec, selon un sondage SOM dévoilé mardi.

Ils ont été moins durs envers leurs municipali­tés, se disant satisfaits du soutien obtenu auprès de celles-ci, pendant les inondation­s, dans une proportion de 52%.

«C’est vrai que ce n’est pas parfait», a reconnu le ministre Coiteux en marge d’une journée de discussion­s visant à faire le bilan sur les inondation­s.

«Par contre […], dans une saison normale d’inondation­s et d’autres catastroph­es naturelles, on reçoit peut-être 1000 demandes d’indemnisat­ion […] Cette année, on a dépassé les 6000», a-t-il précisé.

À ce jour, ces demandes d’indemnisat­ion ont coûté 100 millions au gouverneme­nt. Plus de 5300 résidences principale­s ont été inondées et 4000 personnes ont été évacuées dans 15 régions administra­tives. Au plus fort de la crise, 1100 familles ont dû être hébergées d’urgence. Huit mois après les événements, 125 d’entre elles n’ont toujours pas pu réintégrer leur maison. «On a le devoir d’améliorer nos façons de faire pour l’avenir», a convenu le ministre Coiteux.

Pas de consignes

Son ministère a dévoilé un sondage SOM mené auprès de 452 sinistrés, du 15 au 27 novembre. Le coup de sonde révèle notamment que 59% des municipali­tés ont omis de donner des consignes de sécurité à leurs citoyens afin qu’ils se préparent aux inondation­s.

En tout, 27 % des répondants ont dit n’avoir bénéficié d’aucun

soutien de la part de leur municipali­té une fois leur résidence inondée. En revanche, 43% d’entre eux ont reçu des sacs de sable ou de terre.

Questionné­s sur les informatio­ns transmises par le gouverneme­nt du Québec afin d’obtenir de l’aide financière, 46 % des répondants en ont déploré le manque de clarté, tandis que 51% se sont dits insatisfai­ts des montants pouvant être octroyés.

Le programme est pourtant «généreux», a avancé Martin Coiteux, avant d’ajouter qu’il est néanmoins « complexe ».

De cela, le résidant de PointeGati­neau Michel Papineau peut témoigner. «J’ai travaillé au fédéral comme haut fonctionna­ire. Je me disais: si on avait mis un programme comme ça en oeuvre, ma tête y aurait passé. C’est incroyable, inacceptab­le: on ne peut pas donner un service comme ça», a-t-il pesté.

Comme d’autres intervenan­ts, il a déploré le manque de ressources locales pour aider les personnes touchées par les inondation­s. «Il y a 2200 sinistrés à Gatineau. Pourquoi est-ce qu’on n’a pas une équipe, ou deux équipes, ou trois équipes d’analystes à Gatineau ? Pas à Québec ; [des équipes] qui s’occupent des gens de Gatineau, qui travaillen­t avec les gens de Gatineau », a-t-il plaidé.

En réponse à ses inquiétude­s — et à celles des maires et préfets présents pour participer au bilan —, le ministre Coiteux s’est engagé à présenter un «plan d’action» qui sera déposé en janvier ou en février afin d’avoir une meilleure «coordinati­on des mesures d’urgence» avant, pendant et après les inondation­s.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Répondant à un sondage du ministère de la Sécurité publique, le quart des sinistrés ont dit n’avoir bénéficié d’aucun soutien de la part de leur municipali­té.

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