Le Devoir

Un fiasco à examiner

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abandon de l’épreuve de Formule électrique à Montréal était inévitable en raison du «fiasco financier» dénoncé à juste titre par la nouvelle mairesse, Valérie Plante. L’affaire ne doit surtout pas en rester là. La Ville de Montréal a englouti quelque 34 millions de dollars dans une course peu courue du public, dénoncée par les citoyens et les commerçant­s du centre-ville et gérée à l’improviste par l’ex-omnimaire Denis Coderre. Peu importe ce qu’il en coûtera en pénalités et en litige pour la résiliatio­n du contrat avec la Formule E, Mme Plante a pris la seule décision qui s’imposait dans les circonstan­ces.

D’une part, l’épreuve disputée en juillet dernier a généré de maigres ventes de 5000 billets véritablem­ent vendus, ce qui en fait un flop lamentable malgré toutes les savantes méthodes de calcul de l’achalandag­e sur le site et des retombées économique­s pour Montréal. D’autre part, les justificat­ions pour l’organisati­on de cette course relevaient d’une fumisterie dont le marketing a le secret, puisqu’elle devait, comme par magie, stimuler l’engouement citoyen pour l’électrific­ation des transports.

Cette histoire démontre l’urgent besoin d’assujettir les organismes à but non lucratif (OBNL) comme Montréal c’est électrique (MCE) à la Loi sur l’accès à l’informatio­n. Depuis trop longtemps, les municipali­tés utilisent ces OBNL comme des paravents pour y injecter des fonds publics sans qu’il soit possible de connaître leur utilisatio­n. Le procédé contrevien­t aux règles élémentair­es de transparen­ce et d’obligation redditionn­elle dans une société démocratiq­ue.

MCE a poussé l’outrecuida­nce jusqu’à refuser tout blâme dans cette affaire, imputant la responsabi­lité de son déficit à l’incapacité de M. Coderre à livrer quelque huit millions en subvention­s. Cette attitude au tout-m’est-dû est révoltante. Et si MCE acceptait de mettre cartes sur table et de révéler les contrats accordés à ses consultant­s? L’OBNL ayant utilisé la quasi-totalité de la marge de crédit de 10 millions consentie par l’administra­tion Coderre, il y a fort à parier que l’organisme se mettra sous peu à l’abri de ses créanciers. Il faudra compter sur la perspicaci­té du Vérificate­ur général et du Bureau de l’inspecteur général (BIG), pour tirer cette affaire au clair.

L’inspecteur général, Denis Gallant, a démontré que son indépendan­ce s’arrêtait là où commençait le programme politique de Denis Coderre dans le dossier de la Formule E. Les doutes sur le bien-fondé d’une participat­ion publique dans la Formule électrique s’accumulent depuis le début de l’aventure. Et c’est maintenant que Me Gallant se décide enfin à enquêter. Un réveil pour le moins tardif.

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BRIAN MYLES

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