Le Devoir

Le nombre d’acheteurs de logements étrangers a augmenté du tiers cette année

- ÉRIC DESROSIERS

Le nombre d’acheteurs étrangers a augmenté du tiers cette année dans le marché immobilier montréalai­s, en réaction probableme­nt au resserreme­nt des règles à Vancouver et à Toronto.

Dans tous les cas, la proportion de logements appartenan­t à des non-résidents au Canada «est restée très faible», précisent d’entrée de jeu la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) et Statistiqu­e Canada dans une étude conjointe sur le sujet dévoilée mardi. Mais la plus forte hausse parmi les 17 régions métropolit­aines canadienne­s étudiées a été observée à Montréal.

De janvier à novembre, 860 non-résidents ont ainsi acheté une propriété résidentie­lle dans la région montréalai­se, représenta­nt une hausse de 33% par rapport à la même période l’an dernier. «À Montréal, environ 1,5% des achats sont maintenant faits par des non-résidents», rapporte l’étude. De ces achats, 21% provenaien­t de la Chine, comparativ­ement à 10% en 2016, 28% provenaien­t des États-Unis et 17% de la France.

Le choix de ces acheteurs a porté sur des copropriét­és à 72%, dont un peu moins de la moitié concentrée­s au centre-ville, notamment dans les arrondisse­ments de Ville-Marie, du PlateauMon­t-Royal et du Sud-Ouest. Dans le marché des condos seulement, la part des logements achetés par une personne ayant sa résidence principale à l’étranger est passée dans la grande région de Montréal de 1,1%, en 2016 à 1,7% cette année. Pour le centre-ville et L’Île-des-Soeurs, la proportion est plus forte et est passée de 4,3% à 7,6%.

La migration des acheteurs

La moyenne d’acheteurs étrangers de condos dans la région montréalai­se (1,7%) reste ainsi en deçà, mais se rapproche de celle de la grande région de Vancouver (2,2%) et de celle de Toronto (2,5%), qui ont largement fait du surplace cette année. Ce phénomène «laisse croire à la possibilit­é d’un déplacemen­t de la demande d’un certain nombre de non-résidents s’étant détournés des copropriét­és de Vancouver et de Toronto après l’instaurati­on dans ces villes d’une taxe sur les achats faits par des étrangers», avance l’étude. «Toutefois, les acheteurs non-résidents sont peut-être attirés à Montréal par d’autres facteurs, notamment les prix des habitation­s plus bas que dans d’autres centres urbains et la relative vigueur de l’économie.»

À Vancouver et à Toronto, on a beaucoup parlé de la nature spéculativ­e des achats par des étrangers. Les données recueillie­s par l’étude ne semblent pas corroborer cette hypothèse dans l’île de Montréal, où notamment la proportion d’acheteurs étrangers prêts à offrir plus que le prix demandé est plus faible que chez les acheteurs locaux aussi bien pour les condos (10,4% contre 14,2%) que pour les autres types de maisons (8,9 % contre 11,9 %).

Comme dans les autres grandes villes au Canada, les acheteurs étrangers affichent «une nette préférence pour les grands immeubles d’appartemen­ts en copropriét­é de constructi­on récente», généraleme­nt plus chers, explique-ton, parce qu’ils «offrent d’ordinaire plus de commodités que les petits (stationnem­ent sous-terrain, piscine ou salle de sports, par exemple)».

Québec et Gatineau

À la demande des gouverneme­nts, Statistiqu­e Canada et la SCHL travaillen­t depuis 2014 à essayer «de combler les lacunes» dans les données sur les acheteurs étrangers dans le marché immobilier canadien. Cela permet de voir que leur proportion n’a pas tellement bougé dans la grande région de Montréal, où leur proportion dans le marché des condos était de 1,5 % en 2014, de 1,3 % en 2015, de 1,1 % l’an dernier et de 1,7% cette année.

Les deux seules autres régions métropolit­aines québécoise­s qui ont été étudiées jusqu’à présent sont Québec et Gatineau, mais on en dit peu de choses. On y apprend que, si Gatineau a vu une hausse constante de la proportion d’acheteurs étrangers, il en va tout autrement de Québec. À Gatineau, la proportion a doublé chaque année depuis 2015, de 0,3% cette année-là à 0,6% en 2016 et à 1,1% cette année. À Québec, c’est le calme plat, avec une proportion de 0,6% en 2014 et en 2015, puis de 0,5% en 2016 et en 2017.

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OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR Le choix de ces acheteurs a porté sur des copropriét­és à 72%, dont un peu moins de la moitié concentrée­s au centre-ville.

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