Le Devoir

Le gouverneme­nt argentin fait voter une réforme controvers­ée des retraites

- ALEXANDRE PEYRILLE à Buenos Aires

Le gouverneme­nt argentin de centre droit est par venu à faire adopter au Parlement mardi une réforme majeure du système de retraite, malgré des affronteme­nts violents dans la rue entre policiers et manifestan­ts.

Sans majorité propre au Parlement, le pouvoir a réussi à faire passer un texte visant à réduire le déficit budgétaire de 7,5 milliards $CAN par an, qui réduit l’augmentati­on des pensions en les indexant sur l’indice officiel de l’inflation.

La nouvelle loi reporte l’âge de départ à la retraite de 65 à 70 ans pour les hommes et de 60 à 63 ans pour les femmes, sur la base du volontaria­t.

Les députés de la coalition au pouvoir Cambiemos (Changeons) ont obtenu 128 voix pour le projet de loi; il y a eu 116 voix contre et deux abstention­s.

Lors d’une conférence de presse, le président argentin Mauricio Macri a défendu la réforme, qui selon lui «défend les retraités contre l’inflation».

En Argentine, l’inflation annuelle dépasse les 20 % depuis une décennie et le système d’actualisat­ion précédent donnait aux retraités des augmentati­ons supérieure­s à l’inflation.

Lundi, de violents affronteme­nts ont opposé manifestan­ts hostiles à la loi aux forces de l’ordre devant le Congrès, et des concerts de casseroles ont retenti jusque tard dans la nuit pour protester contre la réforme.

En 2017, la 3e économie d’Amérique latine a renoué avec la croissance, qui devrait atteindre 3 % cette année, après une récession de 2,3 % en 2016. Depuis le début de son mandat, M. Macri a engagé des réformes douloureus­es pour le porte-monnaie de ses compatriot­es, en limitant notamment subvention­s et allocation­s. Ses réformes économique­s (suppressio­n du contrôle des changes, règlement d’un litige de la dette extérieure) plaisent globalemen­t aux marchés et aux grandes puissances, qui saluent son action.

Sans majorité propre au Parlement, le pouvoir a réussi mardi à faire passer un des deux projets de loi les plus impopulair­es qu’il compte faire voter d’ici la fin de son mandat en 2019. Le prochain défi parlementa­ire sera de faire adopter une flexibilis­ation du Code du travail.

Vue par l’opposition comme une précarisat­ion des conditions de travail, elle devrait donner lieu à une forte mobilisati­on. Le Parlement entrant dans sa trêve estivale, elle ne viendra à l’ordre du jour qu’à partir de mars.

Cette victoire parlementa­ire met le président Macri «en porte-à-faux vis-à-vis de l’opinion publique. C’est un résultat obtenu en utilisant au maximum tout le pouvoir du gouverneme­nt national sur les provinces pour obtenir la majorité », selon le sociologue Gabriel Puricelli.

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