Le Devoir

Riyad intercepte un autre missile « irano-houthi »

Le tir fait à nouveau craindre une escalade dans le Golfe

- RANIA SANJAR ABDEL HADI HABTOUR à Riyad

L’Arabie saoudite a intercepté mardi au-dessus de Riyad, pour la deuxième fois en deux mois, un missile balistique tiré par les rebelles yéménites houthis, et mis en cause l’Iran, faisant de nouveau craindre une escalade dans le Golfe.

Quelques jours après que Washington a affirmé qu’un missile tiré le 4 novembre sur Riyad était de «fabricatio­n iranienne», le royaume saoudien s’est en effet empressé de qualifier ce nouveau tir d’« irano-houthi ».

Mais le Pentagone s’est abstenu après ce nouveau tir de montrer l’Iran du doigt, disant coopérer avec les Saoudiens pour déterminer avec précision ce qui s’est passé.

«Un missile balistique tiré depuis le Yémen a été intercepté et détruit dans le sud de Riyad, sans faire de victimes», a déclaré Turki al-Malki, le porte-parole de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite qui intervient au Yémen contre les Houthis.

«Il visait des zones résidentie­lles très peuplées à Riyad», a-t-il souligné.

Alors que le tir effectué par les Houthis le 4 novembre ciblait l’aéroport internatio­nal, celui de mardi visait le palais Yamama, une résidence officielle du roi Salmane, a avancé sur Twitter la chaîne de télévision Al-Masirah, contrôlée par la rébellion yéménite.

«Le palais du régime saoudoamér­icano-sioniste et toutes ses installati­ons militaires et pétrolière­s sont à la portée de nos missiles», ont menacé les Houthis, affirmant avoir eu recours à un missile Burkan («volcan», en arabe) H-2.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait accusé début novembre Téhéran, le grand rival de Riyad au Moyen-Orient, d’« agression directe» contre son pays, en armant les Houthis. L’Iran avait rejeté ces accusation­s.

Répétant les accusation­s de leur allié saoudien, les ÉtatsUnis ont présenté la semaine dernière des «preuves irréfutabl­es» de ventes de missiles par l’Iran aux Houthis.

Le missile tiré le mois dernier a été «fabriqué en Iran», avait déclaré l’ambassadri­ce américaine à l’ONU, Nikki Haley, alors que le gouverneme­nt de Donald Trump hausse le ton envers Téhéran, qu’elle accuse de violer l’esprit de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Les Houthis sont issus de l’importante minorité zaydite (une branche du chiisme), qui se dit marginalis­ée depuis de longues années au Yémen.

L’Iran les soutient, mais dément leur fournir des armes. Selon Téhéran, les affirmatio­ns de Washington constituen­t «une accusation infondée, irresponsa­ble, provocatri­ce et destructiv­e ».

L’une des premières réactions de l’Arabie saoudite après le tir de missile des Houthis sur Riyad début novembre avait été de renforcer le blocus sur le Yémen, aggravant encore la situation humanitair­e.

Le conflit au Yémen oppose des forces progouvern­ementales, appuyées par la coalition sous commandeme­nt saoudien, aux Houthis, qui se sont emparés en septembre 2014 de la capitale Sanaa, puis de vastes régions du pays.

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