L’hôtel où fut lancé Duplessis est réduit en cendres
Au temps de sa gloire, le Magog House fut à Sherbrooke un lieu de passage obligé. C’est dans cet hôtel construit en 1836 que fut lancée en 1935 l’Union nationale, le parti qui propulsera au pouvoir Maurice Duplessis. Ce bâtiment patrimonial, un des plus vieux de Sherbrooke, a été détruit par les flammes le 20 décembre au petit matin.
L’hôtel est au départ un relais pour les diligences où l’on sert de l’alcool. Il est reconstruit avec de la brique rouge, typique des bâtiments de l’époque, en 1902. Toutes les personnalités du temps y séjournent, dont l’homme politique Maurice Duplessis.
Les conservateurs de Duplessis et l’Action libérale nationale de Paul Gouin vont opter en 1935 pour le nom d’Union nationale à la suite de tractations secrètes. Cette alliance a pour but de renverser les libéraux d’Alexandre Taschereau, au pouvoir depuis 1920.
Le 7 novembre 1935, les deux formations concluent «un front commun contre l’ennemi du peuple de la province de Québec, le régime Taschereau». En fait, plusieurs réunions de l’Union nationale auront lieu dans cet immeuble incontournable à l’époque. Le 20 juin 1936, lors d’un caucus qui se tient à Sherbrooke, Duplessis rompt avec Gouin pour faire cavalier seul.
L’hôtel Magog a été détruit par les flammes dans la nuit du 20 décembre. L’incendie a nécessité quatre alarmes et l’intervention de 65 sapeurs. Perte totale, la carcasse calcinée devra être détruite.
Le vieil immeuble était situé à proximité des Grandes Fourches, à la jonction des rivières Magog et Saint-François.
Au printemps dernier, le vieil hôtel avait déjà été attaqué par les flammes. Les dommages avaient été considérables.
Plusieurs commerces ont été abrités par ce bâtiment patrimonial au fil de sa longue histoire, dont des bars, des restaurants, des studios de photographes et des galeries d’art. La radio communautaire CFLX y eut longtemps ses studios au dernier étage. Les animateurs de la station, pour expliquer le moindre problème technique, évoquaient régulièrement «le fantôme de Maurice Duplessis ».