Le Devoir

Francoeur « avait ses raisons », selon Prud’homme

- MARIE-MICHÈLE SIOUI AMÉLI PINEDA

Contrairem­ent aux élus libéraux de l’Assemblée nationale et au maire de Québec, l’administra­teur provisoire du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Martin Prud’homme, estime que la crédibilit­é du chef syndical Yves Francoeur n’est «pas du tout» entachée par ses allégation­s qui se sont révélées non fondées au terme d’une enquête.

En entrevue au Devoir mercredi, le grand patron de la Sûreté du Québec (SQ) a évité de se mettre en porte à faux avec le président du syndicat du service de police qu’il doit remettre sur les rails au cours de la prochaine année.

«Moi, je ne peux pas arriver aujourd’hui et vous dire que je suis contre quelqu’un qui va dénoncer une situation. Je ne peux pas dire ça», a-t-il affirmé. «Peu importe pour qui, comment et quand, nous, on prône les dénonciati­ons, on veut que les gens nous parlent. »

Mardi, une équipe mixte chapeautée par la SQ et le Bureau des enquêtes indépendan­tes a conclu n’avoir trouvé «aucune preuve» pouvant étayer les prétention­s d’Yves Francoeur sur la fermeture prématurée d’une enquête sur des élus libéraux en raison de pressions politiques.

Les ministres Jean-Marc Fournier, Robert Poëti, Pierre Moreau, Christine St-Pierre et Stéphanie Vallée ont tour à tour exigé des excuses et des explicatio­ns d’Yves Francoeur, tandis que le maire de Québec, Régis Labeaume, a réclamé sa démission.

«Les policiers savent très bien que l’on vit dans un État de droit et qu’ils ne peuvent pas avoir un comporteme­nt aussi répréhensi­ble que celuilà. Moi, je pense que sa responsabi­lité civile est engagée», a déclaré Pierre Moreau, un avocat de carrière. «Compte tenu de l’enquête à ce stade-ci, il devrait une fois pour toutes dire ce qu’il en est », a aussi suggéré le ministre et ex-policier Robert Poëti.

Un « menteur », selon Labeaume

Le maire Labeaume a été plus cinglant. «On a visiblemen­t affaire à un menteur qui a remis en question la réputation du chef de police de la Ville de Québec», a-t-il pesté, faisant référence à Robert Pigeon, mis en cause pour avoir prétendume­nt fait avorter l’affaire pendant qu’il était directeur des enquêtes de la commission Charbonnea­u. «J’espère vraiment qu’on ne le reverra pas dans l’espace public. Ce gars-là ne mérite pas beaucoup d’estime de la population du Québec », a ajouté le maire, selon ce qu’ont rapporté divers médias de Québec.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est dite convaincue que le SPVM «prendra la bonne décision». «M. Labeaume peut gérer son propre service de police et, pour moi, c’est important de laisser le SPVM gérer son propre service», a-t-elle déclaré.

Martin Prud’homme, qui a dit connaître Yves Francoeur «depuis des années», a plutôt dirigé ses critiques envers les médias. « On avait dans un certain média des informatio­ns très, très pointues de notre enquête. Alors nous, c’est là qu’est notre problème», a-t-il déclaré.

À son avis, Yves Francoeur «avait ses raisons à lui» de vouloir faire une dénonciati­on publique. «La problémati­que est beaucoup plus grande lorsque l’informatio­n coule […] et qu’on n’est plus capable de travailler », a-t-il jugé.

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