Le Devoir

La légalisati­on ne sera pas reportée, dit le bureau de Trudeau

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa Avec Marie-Michèle Sioui

Justin Trudeau est venu gâcher le plaisir de ceux qui avaient l’intention de fumer leur premier joint en toute légalité le jour de la Fête du Canada — ou de leur déménageme­nt, dans le cas des Québécois.

Le premier ministre a laissé planer le flou sur la date officielle de la légalisati­on future de la marijuana, indiquant que ce ne sera pas précisémen­t le 1er juillet, comme on s’y attendait, mais plutôt au cours de l’été prochain.

Provinces, municipali­tés, corps policiers et intervenan­ts avaient tous compris que le gouverneme­nt fédéral comptait légaliser le cannabis récréatif à partir du 1er juillet. En entrevue à TVA, le premier ministre Trudeau s’est étonné que cette date soit devenue la date officielle associée à l’arrivée de la marijuana dans les commerces et rues du pays.

« Ce ne sera pas le 1er juillet. Ça, c’est quelque chose qu’on va faire pour l’été prochain », a nuancé M. Trudeau dans une entrevue de fin d’année. «La date ne sera pas le 1er juillet. Je peux vous assurer de ça. Je ne sais pas d’où c’est parti, cette date-là. »

Le communiqué de presse présentant le projet de loi légalisant la marijuana promettait pourtant que le gouverneme­nt autorisera­it «au plus tard en juillet 2018 l’accès réglementé et limité au cannabis».

Le document d’informatio­n accompagna­nt le projet de loi annonçait une entrée en vigueur «au plus tard le 1er juillet». Le projet de loi C-45 stipule quant à lui que l’entrée en vigueur sera fixée par décret du gouverneme­nt.

Le bureau du premier ministre a nié que ce dernier ait laissé présager un report de la légalisati­on de la marijuana. «L’objectif demeure l’été, demeure juillet», a-t-on indiqué au Devoir mercredi, au lendemain de la diffusion de l’extrait de l’entrevue télévisée.

«Il se peut que ça arrive le 25 juin. Il se peut que ça arrive le 5 juillet.» Mais M. Trudeau «ne retarde pas l’entrée en vigueur» de la nouvelle loi, a-ton assuré.

Réactions à Québec

À Québec, la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, estime cependant que le premier ministre laisse planer «un petit flou». Elle s’est demandée si le fédéral ne pourrait pas en fait devancer l’arrivée du cannabis légal au Canada, notant que l’été dont parle le premier ministre Trudeau commence dès le 21 juin.

«J’ai entendu qu’il n’y avait pas de date de fixée. De savoir quelle date exactement, qu’il précise si c’est avant ou après le 1er juillet», a-t-elle répliqué aux propos du premier ministre. «Ceci étant dit; peu importe la date que ce sera, on va être prêts au Québec parce qu’on va légiférer. On ne veut pas que la loi fédérale s’applique sans nuance. »

À Ottawa, le gouverneme­nt prend acte du fait que le projet de loi devra d’abord être adopté par le Sénat, qui a entrepris son étude en décembre, mais en prenant son temps. Puisque le gouverneme­nt n’a pas de majorité à la Chambre haute, il n’est pas maître des travaux qui pourraient s’étirer. La Chambre haute pourrait siéger jusqu’au 29 juin, en vertu du calendrier parlementa­ire.

Certains citoyens s’étaient en outre inquiétés de voir les festivités de la Fête du Canada se transforme­r en célébratio­ns de la légalisati­on de la marijuana, emboucanée­s de fumée de cannabis. Le gouverneme­nt fédéral ne souhaite pas associer cette portée symbolique à la Fête du Canada.

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