Le Devoir

Harcèlemen­t : la « nouvelle de l’année »

La vague de dénonciati­ons qualifiée de «petite révolution sociale»

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L’histoire a commencé au début du mois d’octobre par des allégation­s de harcèlemen­t sexuel visant un toutpuissa­nt producteur américain, jusque-là intouchabl­e au sommet des collines d’Hollywood, mais peu connu du grand public. Puis, un raz-demarée d’accusation­s d’inconduite­s sexuelles a emporté des vedettes adulées de par le monde, sans compter quelques personnali­tés québécoise­s.

Un mot-clic, #MoiAussi, a vu le jour dans les médias sociaux pour canaliser des dénonciati­ons qui n’attendaien­t, semblet-il, que le bon moment pour déferler contre des personnali­tés qui se croyaient pourtant à l’abri, du haut de leur statut. C’est pourtant ce statut qui aura alimenté la déferlante.

L’automne a été marqué par l’ouverture de cette formidable «conversati­on» sur le harcèlemen­t, les agressions et autres inconduite­s sexuelles. C’est cet enjeu qui a été désigné par une majorité de rédactions des médias du pays comme la «nouvelle qui a marqué l’actualité de 2017».

Dans le sondage annuel mené par La Presse canadienne auprès de ses clients, près de 30% des répondants ont choisi le harcèlemen­t sexuel. En deuxième place, les médias canadiens ont choisi la crise du fentanyl, qui fait des ravages dans certaines régions du pays.

Mais dans les rédactions des médias francophon­es, qui ont débusqué Gilbert Rozon et Éric Salvail, entre autres, l’enjeu du harcèlemen­t sexuel a fait l’unanimité des répondants au sondage.

Gilles Carignan, rédacteur en chef au quotidien Le Soleil de Québec, a estimé qu’il s’agissait «ni plus ni moins que [du] début d’une petite révolution sociale ».

Sinistre effet domino

Harvey Weinstein, magnat d’Hollywood, fait face à de multiples allégation­s de harcèlemen­t, voire d’agressions sexuelles d’actrices, aux ÉtatsUnis et à l’étranger, notamment à Toronto.

Au Québec, le grand patron du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, a dû quitter l’empire qu’il avait fondé à cause de semblables allégation­s, dévoilées par des femmes qui ont soudaineme­nt et solidairem­ent décidé de briser le silence.

Gilbert Rozon est certes moins connu au Canada anglais, mais un analyste de baseball au réseau Sportsnet, Greg Zaun, a été congédié lorsque des collègues féminines l’ont accusé d’avoir multiplié les grossièret­és à caractère sexuel en milieu de travail. Et l’effet Weinstein a aussi fait son oeuvre dans «l’autre solitude».

Darren Krause, rédacteur en chef du journal Métro à Calgary, croit même que cet enjeu pourrait devenir la «nouvelle de la décennie ».

Paulette Senior, présidente de la Fondation canadienne des femmes, estime que cette vague de dénonciati­ons a permis aux victimes d’être davantage crues lorsqu’elles décident de briser le silence. «Que ce soit par le biais du mouvement #MoiAussi au Canada ou aux États-Unis, on a assisté à un raz-de-marée sans précédent de dénonciati­ons de femmes qui se sont senties habilitées à parler.»

 ?? LAURENT CIPRIANI ASSOCIATED PRESS ?? Des dénonciati­ons et des manifestat­ions, comme celle-ci à Paris, se sont multipliée­s partout sur le globe dans la foulée de l’affaire Weinstein.
LAURENT CIPRIANI ASSOCIATED PRESS Des dénonciati­ons et des manifestat­ions, comme celle-ci à Paris, se sont multipliée­s partout sur le globe dans la foulée de l’affaire Weinstein.

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