Le Devoir

Un nouvel attentat suicide frappe Kaboul

- USMAN SHARIFI à Kaboul

L’année 2018 démarre par un nouveau bain de sang en Afghanista­n, après qu’un kamikaze a déclenché une bombe jeudi soir à proximité de policiers et de manifestan­ts à Kaboul, faisant au moins 11 morts et 25 blessés.

Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué l’attaque, quatre jours seulement après un attentat lors de funéraille­s qui avait fait 18 morts dans la province orientale de Nangarhar, frontalièr­e avec le Pakistan, lors du dernier jour de l’année 2017.

«Un assaillant kamikaze s’est fait exploser […] près d’un groupe de policiers qui tentaient d’assurer la sécurité d’une manifestat­ion», a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Intérieur, Nasrat Rahimi.

«Nous pouvons confirmer que, pour le moment, 11 corps ont été transporté­s dans les hôpitaux, de même que 25 blessés», a indiqué un porteparol­e du ministère de la Santé, Wahid Majroh, à l’AFP. «Le bilan pourrait évoluer, les ambulances continuant de travailler », a-t-il ajouté.

Une source des services de sécurité, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a de son côté avancé un bilan de 20 morts et 20 blessés, qui n’a pas pu être confirmé.

L’attentat s’est produit en marge d’une manifestat­ion organisée après la mort d’un commerçant lors d’une opération de police visant des trafiquant­s d’alcool et de drogue, selon un responsabl­e ayant requis l’anonymat. D’après le porte-parole de la police de Kaboul, Basir Mujahid, le kamikaze, qui était à pied, a explosé « très près » d’un groupe de policiers, en tuant au moins cinq et en blessant onze autres.

Des images diffusées sur la chaîne de télévision Tolo News montrent des hommes en colère, vraisembla­blement des commerçant­s, qui nient avec vigueur être des revendeurs d’alcool, une denrée interdite de vente ou de consommati­on en Afghanista­n, peu avant l’attentat.

Ce nouvel incident survient une semaine après un attentat suicide contre un centre culturel chiite de Kaboul, qui a fait 41 morts et 84 blessés, faisant suite à une attaque le jour de Noël contre une antenne des services de renseignem­ent afghans de la capitale, dans laquelle six personnes avaient été tuées.

Le groupe EI, arrivé en 2015 en Afghanista­n et qui multiplie les attentats dans le pays, avait déjà revendiqué ces deux attaques.

Les attentats se succèdent à Kaboul, faisant de la capitale l’un des endroits les plus dangereux du pays. Le 31 mai, un camion piégé y avait tué 150 personnes et blessé environ 400 autres.

Malgré des mesures de sécurité en hausse, les groupes armés continuent de mener des attaques. Mercredi, l’agence de renseignem­ent afghane a annoncé avoir arrêté une cellule de 13 membres de du groupe EI qui préparaien­t «une série de grosses attaques terroriste­s » dans la ville.

L’année 2017 avait été particuliè­rement meurtrière pour les civils afghans, avec un nombre de victimes qui s’annonce parmi les plus élevés depuis la chute des talibans en 2001 et l’arrivée d’une coalition internatio­nale menée par les ÉtatsUnis, partie en 2014. Plus de 8000 civils ont été tués ou blessés du fait du conflit sur les neuf premiers mois de l’année dernière, selon la mission de l’ONU en Afghanista­n (MANUA).

Ce nouvel incident survient une semaine après un attentat suicide contre un centre culturel chiite de Kaboul

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