Le Devoir

Réduire le temps de déplacemen­t en autobus

- TONY FRAYNE

J’ai lu avec intérêt l’entrevue d’Annabelle Caillou avec le président de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb (« Philippe Schnobb dit tirer des leçons du passé pour penser la mobilité de demain», 27 décembre 2017, page B 5). J’ai surtout été frappé par les bonnes nouvelles qu’il présente au sujet du système d’autobus dans le but de faire migrer les gens de l’auto vers les transports collectifs. Entre autres, le système d’informatio­n en temps réel sur l’heure d’arrivée de l’autobus, la synchronis­ation des feux de circulatio­n et la création de nouvelles lignes visant à réduire la congestion sur certaines lignes de métro.

Le bus a été le parent pauvre du système de transport collectif de Montréal. La moitié des voyageurs empruntent le bus pour au moins une partie du trajet en transport collectif. Admettons-le: pour beaucoup de voyageurs, surtout ceux dont le temps presse, un voyage en autobus est un exercice de frustratio­n. On fait un coin de rue, on arrête pour embarquer un par un les passagers, on attend, le feu vire au rouge; on attend. C’est pénible et on regrette de ne pas avoir pris l’auto.

Sur la ligne 435 de l’avenue du Parc, on annonce fièrement qu’il s’agit d’un service «express», alors qu’aux heures de pointe, la vitesse moyenne en bus est incroyable­ment faible, environ 11km/heure. Et ce, même avec des voies réservées. C’est une ligne parallèle à la ligne orange (est) et elle pourrait, si on pouvait réduire les retards, aider à désengorge­r ce tronçon de métro.

Goulot d’étrangleme­nt

Environ le tiers des retards du bus aux heures de pointe est attribuabl­e aux attentes lors de l’embarqueme­nt des passagers. Comme on le sait, tous les passagers entrent par une seule porte et passent à la queue leu leu au même équipement de perception­contrôle. Sous l’égide de M. Schnobb, la STM a fait des efforts louables pour introduire une autre approche: l’embarqueme­nt par toutes les portes. Cette approche a été appliquée, avec des résultats positifs, à travers le réseau de bus à San Francisco.

À Montréal, à la suite de projets-pilotes sur quelques lignes, le système est maintenant appliqué seulement aux embarqueme­nts des stations de métro. Ainsi, la STM rend ses opérations plus efficaces; cependant, les gains de temps pour les voyageurs, dans l’ensemble, sont très modestes et ne s’appliquent qu’à la minorité de voyages en bus qui partent d’une station de métro.

On peut supposer que la STM et notamment les chauffeurs d’autobus sont hésitants à cause de leur inquiétude quant à la possibilit­é de fraude et donc à une baisse de revenus de la STM. Il ne faut pas nier que ce risque existe, surtout aux heures de pointe avec des autobus bondés. Il y a cependant une autre option pour accélérer l’embarqueme­nt. Sur certains réseaux ailleurs dans le monde, tout le monde entre par la porte avant, qui est assez large pour accommoder deux files de passagers et deux tourniquet­s. On peut passer par la ligne de droite devant le chauffeur; la file de gauche est réservée à ceux qui détiennent déjà un titre, telle la carte mensuelle. Le risque de fraude est négligeabl­e et l’embarqueme­nt est considérab­lement accéléré au bénéfice de tous les passagers.

Avant la commande de nouveaux autobus, est-ce que ce n’est pas une occasion de passer vers un système d’embarqueme­nt plus rapide? Si oui, assurons-nous que les nouveaux autobus sont configurés, par exemple avec une porte avant élargie, pour être compatible­s avec une nouvelle approche.

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OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR Environ le tiers des retards du bus aux heures de pointe est attribuabl­e aux attentes lors de l’embarqueme­nt des passagers.

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