Le Devoir

Cate Blanchett présidera le jury à Cannes

- NICOLAS PRATVIELFR­A à Paris

«Une présidente engagée», promettent les organisate­urs: l’Australien­ne Cate Blanchett, actrice aussi exigeante que glamour, couronnée de deux Oscar, présidera le jury du 71e Festival de Cannes (8-19 mai), un choix qui s’est aussi porté sur une figure de proue de la lutte contre le harcèlemen­t.

Cate Blanchett est la 12e femme à se voir confier cette fonction, quatre ans après la réalisatri­ce néo-zélandaise Jane Campion. Âgée de 48 ans, elle succède au cinéaste espagnol Pedro Almodóvar, dont le jury avait décerné la Palme d’or au Suédois Ruben Ostlund pour The Square.

«Je viens à Cannes depuis des années comme actrice, comme productric­e, pour les soirées de gala et pour les séances en compétitio­n, pour le Marché même. Mais je ne suis encore jamais venue pour le seul plaisir de profiter de la corne d’abondance de films qu’est ce grand festival », a dit la star australien­ne dans un communiqué.

«Nous sommes très heureux d’accueillir une artiste rare et singulière dont le talent et les conviction­s irriguent les écrans de cinéma comme les scènes de théâtre. Nos conversati­ons, cet automne, nous promettent qu’elle sera une présidente engagée, une femme passionnée et une spectatric­e généreuse», ont déclaré Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, et Thierry Frémaux, délégué général.

Une décision qui évoque l’affaire Weinstein

Ce choix, s’il apparaît logique d’un point de vue artistique comme médiatique, peut être aussi interprété comme une volonté du Festival de Cannes de soutenir le combat contre le harcèlemen­t dans la profession, depuis que l’affaire Weinstein a ébranlé le 7e art l’automne dernier.

Cate Blanchett a en effet été une des premières célébrités à prendre ouvertemen­t position contre le producteur Harvey Weinstein, accusé depuis le 5 octobre d’agression sexuelle et de viol par plus d’une centaine de femmes.

Quelques jours plus tard, lors de la cérémonie des InStyle Awards à Los Angeles, elle avait lancé: «Nous aimons toutes être sexy, mais ça ne veut pas dire que nous voulons b… avec vous», visant, sans le nommer, l’ex-mogul d’Hollywood qui a produit plusieurs films dont elle a été à l’affiche, comme The Aviator de Martin Scorsese.

«Tout homme qui se trouve dans une position d’autorité ou de pouvoir et pense avoir le droit de harceler, de menacer ou d’agresser sexuelleme­nt des femmes qu’il rencontre ou avec lesquelles il travaille doit rendre des comptes», avaitelle dit également à l’émission Entertainm­ent Tonight.

«Ce n’est jamais facile pour une femme de se dévoiler dans de telles situations et je soutiens de tout coeur celles qui l’ont fait », avait-elle ajouté.

Passant de la parole aux actes, la star australien­ne vient de lancer avec d’autres actrices célèbres, comme Natalie Portman et Meryl Streep, la fondation Time’s Up («C’est fini»). Ce projet disposera notamment d’un fonds destiné à financer un soutien légal pour les femmes et hommes victimes de harcèlemen­t sexuel au travail. L’organisati­on a déjà recueilli plus de 13 des 15 millions de dollars qu’elle s’était fixés comme but pour ce fonds.

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LOIC VENANCE AGENCE FRANCE-PRESSE Cate Blanchett au Festival de Cannes, en 2015

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