Le CD n’est pas mort en 2017 et il vivra encore en 2018
Malgré le surnom d’«année de l’écoute en continu » que plusieurs ont collé à 2017, il semble que la dernière année ait plutôt démontré que les petits disques aux reflets brillants demeurent bien vivants.
Un sursaut de vitalité qui n’est pas nécessairement attribuable à une forte demande de consommateurs qui s’accrochent au CD, mais plutôt à l’industrie qui déploie des efforts de créativité afin de prolonger l’existence de sa vieille poule aux oeufs d’or.
Au Canada, les ventes d’albums ont notamment été stimulées par une stratégie reprise par plusieurs artistes de vendre des forfaits combinant billet de spectacle et exemplaire physique de leur plus récent album.
Arcade Fire, Shania Twain et Pink ont notamment utilisé cette stratégie marketing. De nombreux admirateurs qui se sont déplacés pour assister aux spectacles se sont vu offrir le choix entre un CD de l’album envoyé par la poste ou un téléchargement numérique.
Impossible de savoir si tous les albums envoyés par la poste ont été déballés une fois arrivés à destination, mais ces envois de masse ont permis aux artistes de se propulser au sommet des palmarès de ventes dans les premières semaines ayant suivi leur lancement respectif.
Le disque compact se trouvait aussi au coeur de la campagne promotionnelle du plus récent album de Taylor Swift, Reputation. Des emballages spéciaux contenant un CD et un magazine exclusif au sujet de la jeune chanteuse ont été distribués dans les succursales de Walmart au Canada. En revanche, les plateformes de musique en continu ont dû patienter trois semaines avant d’avoir accès aux chansons de l’album le plus vendu de l’année.
D’autres albums, comme l’oeuvre posthume de Gord Downie, intitulée Introduce Yerself, ont connu un succès beaucoup plus marqué en format physique que numérique. Environ 9700 copies en format CD ont trouvé preneur, ce qui représente quelques milliers de ventes de plus que les formats numérique et vinyle combinés.
Le déclin du CD semble ralentir
Au Canada, les données préliminaires démontrent qu’en 2017, les ventes d’albums numériques ont chuté de 25 % en un an en raison du nombre élevé d’utilisateurs qui préfèrent les plateformes de musique en continu.
Pour les mêmes raisons, au Québec, les données en date du 30 novembre 2017 démontrent que les ventes d’albums numériques ont périclité de 19,8% par rapport à la même période en 2016.
Toutefois, le déclin du disque compact, qui a déjà dégringolé la plupart des marches de son escalier, semble ralentir momentanément.
Les données en date du 30 novembre dernier indiquent une baisse de 7,9% des ventes d’albums physiques au Québec par rapport à la même période en 2016.
David Bakula, vice-président de Nielsen Entertainment, firme qui comptabilise les données sur les ventes de musique, croit qu’il est trop tôt pour rédiger l’avis de décès du CD.
Il soutient que les producteurs d’albums font tout ce qu’ils peuvent pour stimuler les ventes et que les «vieux mélomanes» s’accrochent à leurs habitudes de consommation de la musique sur disque.
L’historien de la musique Alan Cross relève de son côté que les véritables fanatiques sont aussi de grands collectionneurs et que, pour créer une collection, ils ont besoin d’un objet physique.
La lecture en continu ne fait pas le poids
Adrian Doran sait qu’il s’accroche à un format musical que plusieurs jugent obsolète, mais pour lui, il y a encore beaucoup d’avantages au disque compact.
Il n’y a pas si longtemps, flâner dans les rayons des boutiques HMV faisait partie de sa routine de magasinage. Lorsque le détaillant a fermé ses 102 magasins de disques à travers le Canada, le mélomane s’est retrouvé devant la possibilité de se convertir à l’écoute en continu. Au lieu de ça, il a préféré trouver un disquaire indépendant.
«Je suis tout simplement attaché aux CD», affirme le Torontois de 52 ans.
Que ce soit en raison de la mauvaise qualité sonore ou de l’inaccessibilité de chansons rares, Adrian Doran peut énumérer de nombreuses raisons pour lesquelles les services d’écoute en ligne ne sont pas à la hauteur de sa vaste collection d’albums.
Il a bien tenté le coup du côté de Spotify, mais il s’est buté au manque de profondeur de la plateforme. Trop souvent, les albums plus obscurs ou les toutes premières oeuvres des artistes sont remplacés par des collections de «grands succès».
«Il y a d’énormes trous, ça m’a vraiment étonné. »