Le Devoir

L’opération charme du gouverneme­nt Trudeau se poursuit

- MYLÈNE CRÊTE à Ottawa

Deux ministres du gouverneme­nt Trudeau passeront les prochains jours aux États-Unis pour convaincre les élus américains de protéger la relation commercial­e entre le Canada et leur pays.

«C’est un effort sans relâche», a reconnu le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, en entrevue alors qu’il était sur la route au Kentucky.

«Nous avons une importante relation à préserver et nous avons un message important à transmettr­e qu’il faut répéter constammen­t pour nous assurer qu’il est entendu. »

Direction le Kentucky et le Tennessee

Ces visites se déroulent au Kentucky et au Tennessee, deux États voisins, un peu plus de deux semaines avant la sixième ronde de négociatio­ns de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui s’amorcera le 23 janvier à Montréal.

Le ministre de l’Agricultur­e, Lawrence MacAulay, passera la fin de semaine au Tennessee pour le congrès annuel de l’American Farm Bureau Federation, un organisme national qui représente les agriculteu­rs américains. Cinq mille délégués du monde agricole y sont attendus. Son message se rendra peut-être aux oreilles du président américain, Donald Trump, puisque celui-ci doit y prononcer un discours.

M. Goodale participe, quant à lui, à la 23e Journée de la Chambre de commerce du Kentucky jeudi. Cet événement annuel rassemble un grand nombre de représenta­nts du monde des affaires et de la classe politique.

M. Goodale doit rencontrer le gouverneur du Kentucky, Matt Bevin, le secrétaire du départemen­t du Développem­ent économique, Terry Gill, celui de la Justice et de la Sécurité publique, John Tilley, le commissair­e de l’Agricultur­e, Ryan Quarles, et l’ambassadri­ce des États-Unis au Canada, Kelly Craft, qui a grandi dans cet État.

«Le Kentucky est un État stratégiqu­e où le milieu des affaires s’est déjà exprimé haut et fort en notre faveur», a expliqué le ministre en faisant remarquer que le leader de la majorité républicai­ne au Sénat américain, Mitch McConnell, est l’un des représenta­nts de cet État à Washington.

La Chambre de commerce du Kentucky est l’un des 300 organismes à avoir signé en octobre une lettre adressée au président américain, Donald Trump, lui demandant de conserver l’ALENA, quitte à le moderniser. Celui-ci a menacé à plusieurs reprises de retirer son pays de l’accord de libreéchan­ge.

Emplois

M. Goodale fera valoir à ses interlocut­eurs que plus de 100 000 emplois là-bas dépendent du commerce avec le Canada, qui se chiffre à 10,9 milliards $US annuelleme­nt. Le quart des exportatio­ns du Kentucky sont destinées au marché canadien, selon le ministère des Affaires mondiales. En tête de liste figure son fameux whisky.

«Le message-clé est que l’ALENA est important, que la relation commercial­e entre le Canada et les États-Unis est importante d’un côté comme de l’autre, que nous devons travailler très fort pour nous assurer de ne pas nuire à cette relation et trouver des façons de la renforcer », a-t-il détaillé.

«Il est extrêmemen­t important de ne pas perturber ou entraver la circulatio­n des biens d’un côté à l’autre de la frontière », a-t-il ajouté, en rappelant que les chaînes d’approvisio­nnement de nombreuses entreprise­s s’étendent de part et d’autre de la frontière.

Le Canada est le principal marché d’exportatio­n de 35 États américains, a rappelé M. Goodale. Un commerce dont dépendent neuf millions d’emplois un peu partout aux États-Unis.

L’opération charme du gouverneme­nt Trudeau entamée au printemps dernier pour sauver l’ALENA se poursuit donc en 2018. Une trentaine de ministres et de secrétaire­s parlementa­ires y ont participé jusqu’à maintenant. L’aide des premiers ministres provinciau­x, maires et représenta­nts des chambres de commerce a également été sollicitée.

Difficile de dire pour le moment si ces efforts portent leurs fruits. Lors de la plus récente ronde de négociatio­ns de l’ALENA à Mexico, certains progrès avaient été réalisés dans des secteurs moins litigieux, comme le commerce en ligne, mais les propositio­ns plus controvers­ées qui touchent le secteur automobile n’avaient pas avancé.

L’échéance initiale de décembre 2017 pour terminer la renégociat­ion du traité commercial a été reportée. Les négociateu­rs du Canada, des États-Unis et du Mexique poursuivro­nt les pourparler­s au moins jusqu’en mars prochain.

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