Le Devoir

Les zones mortes prennent de l’ampleur dans les océans

- ALEXANDRE SHIELDS

Phénomène pour le moins préoccupan­t pour la vie marine, les «zones mortes» ne cessent de prendre de l’ampleur dans les océans du monde, selon une nouvelle étude publiée dans le magazine Science. Une situation imputable à l’activité humaine qui menace des pans entiers de la biodiversi­té.

Selon les conclusion­s de cette étude internatio­nale pilotée par plus d’une vingtaine de scientifiq­ues, la superficie des «zones mortes», donc sans oxygène, a été multipliée par quatre depuis 1950.

Des données déjà publiées par Nature Geoscience indiquent aussi que ces zones occupent une superficie dépassant les 245 000km2 dans les mers du monde, notamment près des côtes. Et elles ne cessent de prendre de l’ampleur, de même que les zones où l’oxygène demeure présent, mais à des taux trop faibles pour assurer le maintien de biodiversi­té de la vie marine.

Les chercheurs qui signent l’étude dans Science préviennen­t d’ailleurs que cet accroissem­ent de la «désoxygéna­tion» risque de mener à long terme à l’«effondreme­nt» des écosystème­s marins et de générer une multitude d’impacts négatifs pour la société et l’économie.

Activité humaine

Selon les conclusion­s de cette nouvelle étude scientifiq­ue, cette multiplica­tion des «zones mortes» est imputable en bonne partie au réchauffem­ent climatique, notamment pour les zones situées en haute mer. Dans ce cas, la températur­e plus élevée signifie que les océans retiennent moins d’oxygène.

Quant au recul marqué de l’oxygène dans les régions côtières, celui-ci est principale­ment dû à l’apport de nutriments provenant de l’agricultur­e et des eaux usées de toutes sortes.

Cet apport favorise une croissance phénoménal­e d’algues qui, une fois mortes, se décomposen­t et monopolise­nt tout l’oxygène disponible. C’est alors la mort assurée pour les autres êtres vivants.

On obser ve chaque année ce phénomène dans le golfe du Mexique, où un véritable désert sous-marin se forme à partir du delta du Mississipp­i. C’est que le mythique fleuve draine près de 40% des eaux des États-Unis, dont une bonne partie de celles qui s’écoulent des zones agricoles, notamment des champs de maïs.

Même l’estuaire du SaintLaure­nt n’échappe pas au phénomène d’hypoxie. En fait, le niveau d’oxygène y a connu une baisse importante au cours des dernières décennies.

La réduction de la concentrat­ion d’oxygène dissous dans l’eau affecte au moins 1300 km2 de fonds marins dans l’estuaire.

La région sous-marine touchée se situe essentiell­ement à Tadoussac et au large de Rimouski.

Dans le golfe du Mexique, un véritable désert sous-marin se forme à partir du delta du Mississipp­i

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