Le Devoir

Un rendement de 3,8% en six mois pour le Fonds FTQ

- ÉRIC DESROSIERS

Le Fonds de solidarité FTQ est content de son rendement des derniers mois, mais aussi de voir les entreprise­s québécoise­s adopter une attitude plus proche de celle du « prédateur » que de la « proie » en matière d’acquisitio­n.

Le rendement à l’actionnair­e du Fonds s’est élevé à 3,8% pour les six premiers mois de son exercice 20172018 qui se sont achevés le 30 novembre, a révélé vendredi le fonds de travailleu­rs. Si l’on ajoute la performanc­e enregistré­e le semestre précédent, on arrive à un rendement de 8,9 % sur 12 mois.

«On est très, très heureux de ce rendement-là », a déclaré en entretien téléphoniq­ue au Devoir le président et chef de la direction du Fonds, Gaétan Morin. «On l’est d’autant plus que ce rendement pour le semestre provient surtout de nos investisse­ments au Québec», ce qui confirme, dit-il, la bonne tenue de l’économie québécoise.

Cette performanc­e fait bonne figure par rapport aux fonds communs équilibrés canadiens, qui ont affiché un rendement moyen de 2,1 % le dernier semestre, et même au marché boursier canadien, qui s’est apprécié de 9,2 % sur 12 mois. Elle porte l’actif net du Fonds à 13,7 milliards et la valeur de son action à 39,32 $, en hausse de 1,44$ par rapport au mois de juillet et de 3,21$ par rapport à pareille date l’an dernier.

De proies à prédateurs

Le Fonds a été particuliè­rement actif les derniers mois en matière d’investisse­ments. Ces derniers ont totalisé 526 millions pour le dernier semestre seulement, soit plus du double de la moyenne semestriel­le des cinq dernières années, de 225 millions. Basés sur un plan stratégiqu­e courant jusqu’en 2020, ces investisse­ments doivent notamment privilégie­r les infrastruc­tures socioécono­miques, l’appui aux fleurons québécois, le soutien à l’innovation et une présence accrue dans les secteurs névralgiqu­es de l’aérospatia­le, de l’agroalimen­taire, des produits forestiers et miniers ainsi que des sciences de la vie.

On sent, par leurs décisions d’investir dans la robotisati­on et l’améliorati­on de la productivi­té, les entreprene­urs québécois prendre lentement conscience du défi que poseront le vieillisse­ment de la population et le problème de rareté de la main-d’oeuvre, se réjouit Gaétan Morin.

On en a beaucoup vu aussi dernièreme­nt se porter acquéreurs d’autres entreprise­s notamment à l’étranger et en dépit de la faiblesse relative du dollar canadien. «On parle souvent du départ de nos sièges sociaux. Mais on a participé à beaucoup de projets, ces derniers mois, où les entreprise­s québécoise­s étaient des prédateurs plutôt que des proies. » Il cite l’exemple de la récente acquisitio­n d’une société espagnole par l’entreprise aéronautiq­ue Héroux-Devtek, de trois acquisitio­ns aux ÉtatsUnis par le fabricant de produits de santé Knowlton Developmen­t Corporatio­n et de deux autres dans le même pays par le fabricant de produits de plastique IPL.

«Il y a 25-30 ans, l’entreprene­ur québécois hésitait à aller à l’extérieur du Québec ou du Canada, mais cela fait partie aujourd’hui de sa culture, de son ADN», se félicite Gaétan Morin. Cela tient, selon lui, notamment à leur plus grande maturité, au bon exemple donné par des géants québécois comme CGI et CoucheTard, à l’offre de capital patient comme celui du Fonds, et à l’accès à une main-d’oeuvre québécoise «hautement qualifiée et beaucoup plus mobile» qu’autrefois.

Les souscripti­ons plafonnées

Le Fonds a fixé cette année une limite à son émission de nouvelles actions de 825 millions, qui devrait être atteinte bien avant la fin de l’actuelle période de cotisation au REER, mais n’affectera pas les épargnants ayant recours aux différente­s formes de retenue à la source. On avait amassé l’an dernier 900 millions. Souhaitant rester accessible au plus grand nombre, il a aussi fixé pour la première fois une limite annuelle personnell­e de 12 500$, soit bien loin de la moyenne de 2700 $.

Le Fonds de solidarité FTQ est l’un des investisse­urs à avoir récemment participé à une recapitali­sation du Devoir. Au moment d’annoncer la nouvelle, le directeur du quotidien, Brian Myles, l’avait présenté, à la fin du mois dernier, comme l’un des «trois partenaire­s historique­s», avec le Mouvement Desjardins et Fondaction, à avoir «fourni une part substantie­lle des 2,2 millions de dollars en capitaux recueillis» tout en assurant que le journal avait su, dans l’opération, préserver son indépendan­ce.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Selon un plan stratégiqu­e, les investisse­ments du Fonds FTQ doivent privilégie­r une présence accrue dans les secteurs névralgiqu­es des produits forestiers, entre autres.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Selon un plan stratégiqu­e, les investisse­ments du Fonds FTQ doivent privilégie­r une présence accrue dans les secteurs névralgiqu­es des produits forestiers, entre autres.

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