Le Devoir

L’écho à la Politique d’affirmatio­n du Québec

La relation Québec-Canada ne se résume pas qu’à celle de deux solitudes

- JEAN-MARC FOURNIER Ministre responsabl­e des Relations canadienne­s et de la Francophon­ie canadienne

En réaction à l’article « Constituti­on : le ROC reste sourd aux appels de Couillard », publié dans Le Devoir du 4 janvier 2018, je crois d’abord utile de rappeler que notre politique d’affirmatio­n et de relations canadienne­s déborde largement le seul cadre constituti­onnel. Ensuite, et surtout, j’estime essentiel de souligner certaines dimensions de la démarche amorcée par cette politique.

À l’occasion du 150e anniversai­re de la fédération canadienne, nous avons affirmé ce que nous sommes comme Québécois et avons proposé la reprise d’un dialogue oublié, sur la place du Québec au sein du Canada. Nous avons partagé, avec tous les Canadiens, une propositio­n pour le Canada de demain. Notre mission est d’abord de redonner aux penseurs canadiens le désir de réfléchir à l’avenir de notre fédération, en y incluant la perspectiv­e québécoise. La réponse à nos approches en ce domaine est, à ce jour, positive et enthousias­mante.

Nous avons pris part à des activités à l’Université McGill, à l’Université Concordia et à l’Université de Montréal, aux université­s Memorial, York et Queen’s ainsi qu’à celles de l’Alberta, de Calgary, de Regina. La Politique est une lecture obligatoir­e dans un cours de politique canadienne à l’Université Queen’s et dans un cours de droit constituti­onnel à l’Université McGill.

Le réputé Institut de relations intergouve­rnementale­s de l’Université Queen’s a, en novembre, organisé toute une journée de discussion­s sur les moyens de mise en oeuvre de la Politique. La question de l’asymétrie comme façon de viser des objectifs communs dans le respect de nos différence­s, soulignée, en septembre, par la première ministre de l’Ontario devant l’Assemblée nationale du Québec, a été abordée à plusieurs reprises, indiquant un changement dans la pensée fédérale canadienne. Tout récemment, le premier ministre du Québec et la première ministre de l’Ontario ont été réunis au Mowat Centre pour discuter de notre politique lors de la Confederat­ion of Tomorrow Conference 2.0, une discussion chaudement applaudie par l’auditoire.

Un rapprochem­ent avantageux

La relation Québec-Canada ne se résume pas qu’à celle de deux solitudes. De nombreuses solidarité­s nous unissent, montrant qu’un rapprochem­ent est non seulement possible, mais avantageux pour tous. Nos relations commercial­es à travers le Canada en témoignent chaque jour ; par exemple, je vous rappelle que nous échangeons plus de biens avec le Nouveau-Brunswick qu’avec toute la France.

La Politique d’affirmatio­n du Québec et de relations canadienne­s est une démarche essentiell­e et de longue haleine. Elle nous rappelle qu’un dialogue respectueu­x, franc et empreint de confiance mutuelle, qui met en évidence les solidarité­s économique­s, environnem­entales, sociales et culturelle­s que nous avons ensemble, a toutes les chances de nous permettre d’en créer d’autres.

Il n’y a pas d’appétit constituti­onnel, mais il y en a un pour une meilleure compréhens­ion mutuelle et pour un rapprochem­ent au sein du Canada: plus de place pour les autochtone­s, une compréhens­ion accrue du sentiment d’aliénation de l’Ouest, une meilleure reconnaiss­ance de la nation québécoise. C’est avec une nouvelle compréhens­ion que pourra s’ouvrir, sans crise, une fenêtre constituti­onnelle. Nous avons tous une histoire à raconter. Nous avons tous une histoire commune à écrire ensemble. Nous devons reprendre le dialogue sur nos relations. Une chose me paraît claire, c’est qu’il faut d’abord mieux se connaître pour mieux se reconnaîtr­e. Nous y travaillon­s patiemment.

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