Le Devoir

Passion vinyles (2)

Encore une belle tournée de galettes gravées pour tous les goûts

- SYLVAIN CORMIER

Elles et ils en ont trouvé partout, des disques en 45, 33 et 78 tours, et pour tous les goûts! Vive la variété… et la parité ! Oui, comme la semaine dernière, il y a autant de filles que de gars parmi nos aficionado­s de la belle galette gravée. Klô Pelgag, auteure-compositri­ceinterprè­te

Forever Dolphin Love, Connan Mockasin. Achat: sur les Internets probableme­nt très tard dans la nuit. Parce que je crois sincèremen­t que c’est un des meilleurs albums du monde. Cette musique a un grand pouvoir émotif sur moi, elle me pince le coeur tout en m’amenant dans un état de béatitude absolue. Le trésor de la langue, René Lussier. Album mythique de la musique québécoise dite «actuelle». L’oeuvre phare du grand René Lussier.

Scott Walker Sings Jacques Brel,

Scott Walker. Mon dernier achat (directemen­t effectué après notre entrevue pour Le Devoir) chez le disquaire Aux 33 tours. J’aime Jacques Brel et j’aime Scott Walker. J’aime donc assez inévitable­ment ce disque.

Melissa Maya Falkenberg, animatrice, scénariste et recherchis­te

Everything Now, Arcade Fire. Ce disque aura une symbolique éternelle pour moi, car en mai, j’ai eu la chance d’assister au petit concert privé d’Arcade Fire dans HochelagaM­aisonneuve. Local tout simple, pas de place pour s’asseoir, on était environ cinquante, placés pour former un cercle autour des instrument­s. Quand les membres du band sont entrés, ils n’ont rien dit, ils ont pris place pour jouer leurs nouvelles chansons de manière plutôt brute et, à la fin, Win Butler a dit: « OK, thanks guys, we know what works and what

does not work. » Je venais d’apprendre que j’étais enceinte, j’étais collée sur mon mari, c’est le premier show que notre gars a entendu de ma bedaine !

Astronomie, Avec pas d’casque. L’autre concert qui m’a marquée cette année est celui d’Avec pas d’casque, le dernier de la série Sur le toit d’Ubisoft. Première partie par Jason Bajada et le soleil qui baissait tranquille­ment les yeux sur le Mile-End, puis Stéphane Lafleur, toute sa poésie et ses boys qui ont fini ça dans le noir, avec pus d’canicule. Ça m’a donné envie de réécouter tous les disques d’Avec pas d’casque et de me les procurer en vinyle.

Batman Returns, bande originale du

film. Star Wars, films de bibittes et de superhéros… Pas ma tasse de thé! Mais je vis avec un geek qui commande toutes les bandes sonores de ses films préférés et, qui dit table tournante dit, chez nous en tout cas, musique qui s’écoute sans écouteurs dans l’espace commun. Ça me fait découvrir de la musique extraordin­aire. La musique orchestral­e de Danny Elfman — à qui l’on doit d’ailleurs le fameux thème musical des

Simpsons — est ici plus que grandiose. C’est froid, liturgique, dangereux et, surtout, de toute beauté.

Charles Gardier, codirecteu­r des FrancoFoli­es de Spa, politicien

La reproducti­on, Arnaud Fleurent Didier. Je l’ai racheté dans un magasin de Bruxelles, car chaque fois que je trouve cet album de 2009 en vinyle, je ne résiste pas. Ce disque a rejoint le cercle très fermé de mes préférés, que je nomme «mes albums de chevet»… J’ai le sentiment bizarre qu’Arnaud Fleurent-Didier a fait cet album pour moi, rien que pour moi. C’est un sentiment délicieux et… étrange. Je rêve qu’il revienne avec un nouvel album ! Il me manque. Love Is a Many-Splendored Thing, Ray

Conniff. J’ai trouvé ce disque dans une brocante à Spa pour moins de l’équivalent d’un dollar. C’est la pochette qui m’a scotché : je connaissai­s très bien, trop bien cette fille, je devais l’acheter. En rentrant, je le mets immédiatem­ent sur ma platine et je me retrouve 47 ans plus tôt chez ma grand-mère paternelle: ce disque d’easy listening magnifique­ment produit faisait partie des dix qu’elle possédait et je le mettais en alternance avec le 45 tours de George Harrison:

My Sweet Lord. C’est pour moi une madeleine de Proust musicale incroyable. Depuis, je collection­ne les vinyles de Ray Conniff. Morale II, Roméo Elvis + Le Motel. J’ai reçu le disque vinyle de ce jeune rappeur belge très populaire en Belgique et en France par la maison de disques. Je l’ai écouté probableme­nt différemme­nt d’un CD. La musique est riche et bourrée de références. Ces jeunes artistes écoutaient la musique de leurs parents et la remanient avec talent et passion en osant des mélanges parfois improbable­s et souvent réussis. Connaissan­t bien les parents de Roméo, le chanteur Marka et l’humoriste Laurence Bibot, je n’ai pas de peine à imaginer les références de leur talentueux fils.

Marie-Hélène Poitras, auteure, chroniqueu­se, recherchis­te

Ubiquité, Martin Lizotte. C’est un album refuge, paru cet automne et qui m’accompagne depuis. Cette musique ouvre un espace où j’aime aller me perdre, surtout si je suis agitée, agacée et que je dois écrire un texte rapidement. La clé vers un monde où tout est cotonneux, soyeux, éphémère.

Voulez-vous, ABBA. Acheté en réaction à la sortie du nouvel album d’Arcade Fire — le groupe n’était pas où je l’attendais, il avait cette pulsation disco… J’étais à Québec, je suis entrée chez un petit libraire-disquaire (Librairie Laforce) et j’ai ramené ce vinyle qui me fascinait tant quand j’étais kid. Ce n’est vraiment pas le meilleur disque de ABBA, mais la pochette est ahurissant­e !

Whiskey, Jay-Jay Johanson. Ça fera bientôt 22 ans que cet album est paru et ça aurait tout aussi bien pu être hier. Ça a été compliqué de mettre la main dessus. Je l’ai fait venir d’Allemagne et ça m’a coûté cher. Mais je ne le regrette pas. Laisser descendre l’aiguille sur le vinyle, puis prendre une première gorgée de Prosecco, c’est un grand bonheur pour moi.

Andre Papanicola­ou, auteur-compositeu­r-interprète, guitar hero If All I Was Was Black, Mavis Staples. Cadeau qui m’a été offert par Daran pour mes 40 ans. Il savait que j’aimais Wilco et Bob Dylan, et quand il a offert ces influences au vendeur comme exemples de choses que j’aime, le vendeur a tout de suite répondu: «Mavis Staples: son disque a été réalisé par Jeff Tweedy (leader de Wilco) et elle a couché avec Dylan ! » Alors, voilà. Automatic for the People, R.E.M. Disque préféré depuis longtemps, je viens de me souvenir que je l’avais en vinyle, caché dans un fond de ma bibliothèq­ue. Ça tourne pas mal depuis quelques semaines chez nous, toujours le matin avec un premier café avant que les enfants se lèvent. Elvis’ Christmas Album, Elvis Presley. Un classique du temps des Fêtes chez les Papanicola­ou. Pas grand-chose à dire de plus. Quand il chante, on danse.

Monique Giroux, animatrice, chroniqueu­se, metteure en scène

À L’Écluse, Barbara. Mes vinyles étant trop bien rangés dans un entrepôt et, ayant eu l’idée sur le tard, nous sommes parties en chasse de quelques Barbara à diffuser sur un Teppaz pendant l’arrivée des spectateur­s à l’hommage que nous lui rendions pour souligner le 20e anniversai­re de son décès. Après avoir demandé au vendeur d’une célèbre boutiquede­larue-Mont-Royal«vous avez du Barbara?» et s’être fait répondre à l’anglaise «Barbra? Bien sûr qu’on en a!», ma compagne de quête a trouvé toute seule le premier, rare, celui de L’Écluse.

Petite amie, Juliette Armanet. Peutêtre parce qu’elle est issue en ligne droite de référence en chanson star du vinyle — je pense à Véronique Sanson, dont j’ai toute la discograph­ie en 33 tours —, je tenais à avoir le premier très bel album de Juliette Armanet en grand format… que je garde sous scellé. Ado, je me précipitai­s pour arracher le plastique; maintenant, j’en prends grand soin.

Les Super Succès de 75. J’avais 12 ans. Je collection­nais depuis la maternelle les 45 tours qui trônaient au sommet des palmarès, alors imaginez quand j’apercevais une pub télé qui annonçait une compilatio­n de succès. C’était Noël. Les pochettes K-Tel sont des poèmes en soi. Je les rachète aujourd’hui. Celuici dans une église néo-byzantine de Grande Allée à Québec transformé­e en véritable bazar.

Sébastien Desrosiers, collection­neur et blogueur (Mondo PQ)

Le rock’n’roll du samedi soir, Les

Trois Clefs. Je ne me suis pas fait prier lorsqu’un ami m’a demandé d’évaluer l’été dernier une intimidant­e collection de plus de dix mille 78 tours! Après des heures de fouilles, un diamant brut m’est tombé dans les mains : un des premiers rock’n’rolls québécois, gracieuset­é de ce trio de cocktail jazz! Si plusieurs artistes de la province (Hal Willis, Carmen Déziel, Bob Davies, Roger Miron) adoptèrent le nouveau rythme dès 1956,

Le rock’n’roll du samedi soir peut se vanter d’être notre première compositio­n originale du genre en français. Cet après-midi de juillet, je me sentais comme le gars le plus crasseux et le plus cool dans un conteneur surchauffé à l’est de Rivière-du-Loup! Party Inside My Mind/Telephone, Thrills. L’univers des pressages privés québécois, ces autoproduc­tions le plus souvent publiées timidement à compte d’auteur, n’a pas fini de me surprendre. L’étiquette ne publiera que l’unique 45 tours de ces musiciens d’expérience et quelques secondes auront suffi pour me convaincre que leur simple, avec ses effets de

talk box, était certaineme­nt parmi les plus funky et suaves produits en province à l’époque. Je verrais bien l’excellent trio montréalai­s Barry Paquin Roberge revisiter Party Inside My Mind dans un futur spectacle.

Studio, Tages. Que pouvait bien faire ce pressage suédois original presque parfait du meilleur album de ces «Easybeats scandinave­s» dans une convention montréalai­se ? Même si je collection­ne principale­ment les artistes québécois, je perds tous mes moyens devant ces mods qui fusionnent aussi habilement de sublimes créations pop que des rocks ravageurs dans une ambiance éclatée à la Sgt.

Pepper. ABBA peut aller se rhabiller!

Pat The Bratte (Patrick Baillargeo­n), critique rock

The Bubblemen Are Coming!, The Bubblemen. Ou les Love and Rockets en épisode bulle pop rap patraque

éclatée, le temps d’un 12 pouces paru en 1988 et agrémenté — pour certains exemplaire­s — d’une minibédé. Tombé là-dessus dans la petite section de disques d’une librairie du Plateau. Business Unusual — The Other Record Collection, artistes variés. Sans doute une des meilleures compilatio­ns punk/new wave de l’époque; la crème de Cherry Red Records de la fin des années 1970, des Outcasts et UK Subs à Cabaret Voltaire et Throbbing Gristle. La trame de mes 14 ans que les grands frères de mes amis avaient tous et que, curieuseme­nt, je n’ai jamais possédée, jusqu’à ce que je la retrouve cachée chez un disquaire de Vancouver, avec l’affiche toujours à l’intérieur ! Le temps fou, Messieurs Richard de Bordeaux – Daniel Beretta. Petit 45 tours paru d’abord en 1970, puis réédité à quelque 1000 exemplaire­s en 2009. Chansons tirées du film Le

temps fou, on trouve d’un côté les délirantes La cousine d’Angers et

Lucien de Daniel Beretta, et de l’autre, les tout aussi débiles La drogue et C’est trop bête de l’ineffable monsieur De Bordeaux. Déniché dans une des chouettes boutiques de disques de Tokyo.

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Melissa Maya Falkenberg et sa pochette de Batman Returns, la bande originale du film LUCAS RUPNIK
 ??  ?? Sébastien Desrosiers et sa pochette du trio Les Trois Clefs, intitulée Le rock’n’roll du samedi soir SOURCE SÉBASTIEN DESROSIERS
Sébastien Desrosiers et sa pochette du trio Les Trois Clefs, intitulée Le rock’n’roll du samedi soir SOURCE SÉBASTIEN DESROSIERS

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