Le Devoir

Le Monde › Trump poursuit son offensive contre le livre dont il fait l’objet alors que Bannon fait son mea-culpa.

Bannon s’excuse alors que des acteurs du gouverneme­nt défendent le président

- CYRIL JULIEN à Washington

Le président américain, Donald Trump, a de nouveau raillé dimanche un livre polémique qui met en doute sa capacité à gouverner, le qualifiant de «livre bidon» alors que des responsabl­es de son gouverneme­nt ont défendu son « génie politique ».

Il a également vu Stephen Bannon, son ancien conseiller spécial devenu paria, présenter des excuses alambiquée­s et tardives après avoir accusé le fils aîné du président, Donald TrumpJr, de«trahison».

Le débat sur la personnali­té du 45e président a été relancé par la publicatio­n vendredi du livre du journalist­e Michael Wolff Fire and Fury: Inside the Trump White House (« Le feu et la colère, dans la Maison-Blanche de Trump»).

L’auteur y dresse un portait au vitriol de l’exmagnat de l’immobilier, affirmant notamment que tout son entourage doute de sa capacité à gouverner. Il évoque notamment son incapacité à se concentrer, ses pertes de mémoire et sa préférence pour la télévision comme source principale d’informatio­n.

Michael Wolff a affirmé dimanche sur NBC qu’il n’avait pas eu pour objectif d’écrire un livre délibéréme­nt défavorabl­e sur le président. «J’aurais été ravi avec une autre histoire: “Donald Trump, ce président inattendu, va en fait réussir”. Mais ce n’est pas ça. Il ne va pas réussir. C’est pire que ce que l’on pensait», a-t-il expliqué.

«Je dois me coltiner un livre bidon écrit par un auteur complèteme­nt discrédité», avait tweeté le président américain plus tôt dans la matinée après s’être qualifié, la veille, de «génie très stable» pour répondre aux accusation­s sur ses capacités intellectu­elles.

Des membres de la Maison-Blanche ont également défendu dans les émissions politiques du dimanche matin la capacité de M. Trump à diriger le pays.

« Le président est un génie politique qui a gagné contre 17 personnes incroyable­ment talentueus­es [lors des primaires républicai­nes], qui a renversé la dynastie Bush, qui a renversé la dynastie Clinton», a ainsi affirmé sur CNN le conseiller à la Maison-Blanche Stephen Miller qualifiant le livre de «travail de fiction très mal écrit ».

Le livre de Michael Wolff se veut une compilatio­n de confidence­s rassemblée­s auprès du président et d’environ 200 conseiller­s de M. Trump sur 18 mois pendant la campagne électorale et depuis l’élection du président.

Discours contradict­oires

Dans un passage, Stephen Bannon estime notamment que Donald Trump fils a commis une « trahison » en rencontran­t en juin 2016 une

avocate russe qui offrait des informatio­ns compromett­antes sur Hillary Clinton.

Cette sortie avait mis en rage le président Trump, qui avait accusé son ex-stratégist­e en chef d’avoir «perdu la raison» alors que l’entourage de M. Trump est visé par une enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion avec la Russie en vue d’influencer l’élection de novembre 2016 au profit du candidat républicai­n.

«Donald Trump Jr. est un patriote et un homme bien», a assuré dimanche M. Bannon dans un communiqué, regrettant «le retard de ma réponse aux informatio­ns inexactes concernant Don Jr». «Mes propos visaient Paul Manafort», ancien chef de campagne de M. Trump et depuis inculpé dans l’affaire russe, a-t-il ajouté.

Le président américain et les responsabl­es du gouverneme­nt tentent depuis la parution des premiers extraits de discrédite­r Wolff, affirmant qu’il n’a jamais interviewé M. Trump à la Maison-Blanche.

Le journalist­e, qui affirme avoir parlé avec le milliardai­re pendant trois heures avant et après son élection, a admis dimanche que M. Trump n’avait «probableme­nt pas pensé que [leurs conversati­ons] étaient des interviews».

Il a également soutenu que de nombreux conseiller­s s’inquiétaie­nt régulièrem­ent d’une révocation — très peu probable — du président au titre du 25e amendement de la Constituti­on. Celui-ci prévoit en effet que le vice-président gouverne en cas d’incapacité du président à exercer les pouvoirs.

L’ambassadri­ce américaine aux Nations unies, Nikki Haley, a répondu sur ABC News que personne à la Maison-Blanche «ne met en doute la stabilité du président», fustigeant un livre écrit par quelqu’un qui « irait jusqu’à mentir pour avoir l’argent et la gloire».

Sur Fox News, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, a pour sa part assuré que «le président est impliqué, il comprend la complexité, il pose des questions difficiles à nos équipes de la CIA». Donald Trump, un «fervent consommate­ur» des comptes rendus de l’agence, est «tout à fait apte» à la fonction présidenti­elle, a-t-il ajouté.

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SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE Le président Trump a accusé Bannon d’avoir «perdu la raison».

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