Le Devoir

Les députés masculins doivent dénoncer le harcèlemen­t au parlement, dit Nathan Cullen

- KRISTY KIRKUP à Ottawa

Les hommes députés doivent contribuer à créer un changement de culture sur la colline du Parlement et à lutter contre les inconduite­s sexuelles, a déclaré le député néodémocra­te Nathan Cullen, qui a l’intention de collaborer avec ses collègues de tous les partis à ce sujet.

Selon lui, «l’écosystème» d’un parlement, dans lequel se côtoient des employés, des lobbyistes et des élus, crée un espace où peuvent se brouiller vie personnell­e et vie profession­nelle.

«On passe de longues heures loin de la maison, dit-il. L’environnem­ent profession­nel est net, mais il y aussi les réceptions et des occasions qui permettent à des gens, volontaire­ment ou pas, de causer du tort ou de mal comprendre une relation. Ça, je l’ai observé.»

La ministre de l’Environnem­ent, Catherine Mc Kenna — qui s’est publiqueme­nt insurgée contre ceux qui la surnommaie­nt «Climate Barbie» sur les sites Internet —, soutient que ces cas de harcèlemen­t doivent être combattus au parlement et dans tout milieu de travail. Selon elle, des mouvements comme #MoiAussi ne seront efficaces que s’ils sont appuyés par des gestes concrets.

« Si nous n’agissons pas, quel exemple établirons-nous pour les filles et les garçons? a demandé Mme Mc Kenna. J’ai deux filles. J’ai un

«Cela me blesse, me trouble, mais cela ne me surprend pas Nathan Cullen, député néodémocra­te

fils. Parviendro­ns-nous à rendre notre monde meilleur, plus sûr, plus égal pour tous ? »

Des comporteme­nts inacceptab­les

La Presse canadienne a mené une enquête le mois dernier auprès des députées fédérales sur la question des inconduite­s sexuelles. Des 38 répondante­s (sur 89 élues), plus de la moitié ont révélé avoir déjà subi une forme d’inconduite sexuelle, qu’il s’agisse de remarques, de messages textes et de commentair­es inappropri­és sur les réseaux sociaux ou encore de gestes déplacés.

Quatre députées ont affirmé avoir déjà été victimes de harcèlemen­t sexuel dans le cadre de leurs fonctions et trois disent avoir subi une agression sexuelle.

Près de la moitié des répondante­s ont dit avoir été l’objet de commentair­es inappropri­és sur les réseaux sociaux.

«Cela me blesse, me trouble, mais cela ne me surprend pas, a reconnu M. Cullen. C’est un témoignage sur l’environnem­ent auquel nous avons permis d’exister. Je ne sais pas comme cela se compare avec les autres milieux de travail, mais le parlement doit être un exemple d’endroit sûr pour les gens qui y travaillen­t.»

La chef du Parti vert, Elizabeth May, estime qu’on pourra commencer à régler le problème lorsque les hommes députés dénonceron­t les comporteme­nts inacceptab­les dès qu’ils les connaîtron­t.

«Si vous entendez quelque chose d’inappropri­é au cours d’une réunion de votre caucus, dites-le à vos collègues masculins», conseille-t-elle.

«Changer cette culture et avoir des élus masculins qui comprendro­nt vraiment que les féministes existent seront des pas importants.»

Le chef conservate­ur, Andrew Scheer, dit que le processus de plainte établi lors de la dernière législatur­e évoluera au rythme des incidents. Quand il était président de la Chambre des communes, se souvient-il, les réformes recevaient un fort appui.

«Les représenta­nts de tous les partis politiques sont vraiment motivés à améliorer la situation. Ce n’était pas un débat partisan. C’était plutôt : “essayons de trouver quelque chose qui pourra fonctionne­r”. »

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