Le Devoir

« Bons pauvres » et « mauvais pauvres »… Vraiment ?

- FRANÇOIS BLAIS Député de Charlesbou­rg, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Dans un texte paru dans Le Devoir, l’historien Benoit Marsan s’en prend au Plan d’action pour l’inclusion économique et la participat­ion sociale 2017-2023 que j’ai dévoilé le 10 décembre dernier en présence du premier ministre («Plan de lutte contre la pauvreté: nouvelles mesures, vieille rengaine », 23 décembre 2017).

Selon toute vraisembla­nce, il ne l’a pas lu, car il y trouverait une somme d’informatio­ns qui vont à l’encontre de son propos alarmiste et surtout de la lecture très «marxisante» qu’il propose de l’évolution récente des politiques sociales, lecture qui ne colle aucunement à la situation particuliè­re du Québec qui demeure, rappelons-le, la social-démocratie la plus développée d’Amérique de Nord.

Pour arriver à dresser son tableau tout en noir, l’auteur reprend à son compte l’idée selon laquelle il n’y en a dans ce plan que pour les personnes ayant des contrainte­s sévères à l’emploi, les «bons pauvres» dit-il, expression condescend­ante s’il en est, qui fait fi de la dure réalité de personnes qui ne réussiront jamais à subvenir à leurs besoins.

Différents transferts

Je lui rappellera­i que les «bons pauvres» en question ne profitent pas de la relance économique actuelle du Québec ni des possibilit­és offertes par un marché du travail qui frôle le pleinemplo­i dans plusieurs régions. La plupart vivant seuls, ils ne peuvent pas non plus compter sur les améliorati­ons notables du revenu des familles des 15 dernières années qui ont permis à un grand nombre d’entre elles de sortir de la pauvreté.

Sait-il par exemple qu’au Québec, une famille reçoit différents transferts de l’État qui lui permettent d’atteindre en moyenne 80% de la mesure du panier de consommati­on avant même que l’un de ses membres ait commencé à travailler une seule heure ?

Avec ses 43 mesures, 18 ministères ou organismes impliqués et un budget global de près de 3 milliards de dollars, le plan gouverneme­ntal vient en appui à différents groupes dans le besoin. Les bénéficiai­res à l’aide sociale sans contrainte­s à l’emploi, les «mauvais pauvres» de M. Marsan, ne sont pas en reste. Tous transferts compris, ils maintienne­nt avec ce plan le revenu disponible le plus élevé au Canada pour ce groupe. D’importante­s mesures sont aussi annoncées pour leur permettre ainsi qu’à leurs enfants de progresser vers une plus grande autonomie économique.

À terme, ce troisième plan procurera une sortie permanente de la pauvreté à plus de 100 000 personnes, dont la très grande majo- rité sont des personnes vivant seules. Il permettra au Québec pour la première fois d’accéder au peloton de tête des pays industrial­isés en matière de lutte contre la pauvreté, peloton formé de pays comme la Finlande, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et la Suisse. C’est ce qui en fait la politique gouverneme­ntale la plus ambitieuse des dernières années en matière de justice sociale.

 ?? PHILIPPE LOPEZ AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Avec ses 43 mesures, 18 ministères ou organismes impliqués et un budget global de près de 3 milliards de dollars, le Plan d’action pour l’inclusion économique et la participat­ion sociale 20172023 vient en appui à différents groupes dans le besoin,...
PHILIPPE LOPEZ AGENCE FRANCE-PRESSE Avec ses 43 mesures, 18 ministères ou organismes impliqués et un budget global de près de 3 milliards de dollars, le Plan d’action pour l’inclusion économique et la participat­ion sociale 20172023 vient en appui à différents groupes dans le besoin,...

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