Le Devoir

Manifestat­ions : le Parlement iranien se réunit à huis clos

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Téhéran — Le Parlement iranien s’est réuni dimanche à huis clos pour une session spéciale consacrée aux récents troubles survenus dans le pays, alors que de nouvelles manifestat­ions de soutien aux autorités étaient organisées dans plusieurs villes.

Les députés ont entendu notamment le ministre de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, celui des Renseignem­ents, Mahmoud Alavi, et le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN), Ali Shamkhani, à propos des manifestat­ions émaillées de violences qui ont eu lieu fin décembre dans plusieurs villes du pays pour protester contre le coût de la vie et le pouvoir, a indiqué le site officiel du Majlis (Assemblée nationale).

Ces manifestat­ions et leur répression ont fait au total 21 morts, essentiell­ement des manifestan­ts, selon les autorités, et plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, dont 450 à Téhéran.

«Les responsabl­es de la sécurité ont affirmé que la plupart des personnes arrêtées ont été libérées», a déclaré Gholamreza Heydari, un député réformateu­r de Téhéran, cité par le site officiel du Parlement. En revanche, selon le porte-parole de la police, «les principaux responsabl­es des troubles sont entre les mains de la justice et emprisonné­s ».

Cité par le même site, un autre député, Mohammad Reza Kachouie, a indiqué que «la plupart des gens arrêtés n’ont pas de diplômes universita­ires et sont des journalier­s ».

«La réunion du Parlement a principale­ment porté sur les conditions de vie des gens, la situation économique et le chômage», a déclaré cet élu conservate­ur. Selon lui, «l’ennemi essaie de s’infiltrer dans le pays et les questions économique­s ont joué un rôle important dans les protestati­ons ».

Pour le député réformateu­r Bahram Parsaie, la situation actuelle est le résultat de «décennies de mauvais choix». «J’espère que nous allons regarder la réalité en face et tirer les leçons de nos erreurs», a-t-il dit, alors que les députés débattent du projet de loi de finances pour l’année iranienne 1397, qui commencera le 21 mars.

Réseaux sociaux ciblés

La question des restrictio­ns imposées à Telegram, réseau social le plus populaire en Iran, pendant les troubles a également été abordée.

«Il a été décidé de prendre les mesures nécessaire­s pour la levée du filtrage de Telegram, mais cela dépend des engagement­s des responsabl­es de cette messagerie, car les actions des ennemis de la République islamique ont été menées à travers Telegram », a déclaré Behrouz Nemati, le porte-parole de la présidence du Parlement à l’issue de la réunion.

Le blocage du réseau de partage de photos Instagram a été levé samedi, mais Telegram, qui compterait plus de 25 millions d’utilisateu­rs quotidiens, continue de faire l’objet de restrictio­ns: l’accès au réseau reste impossible à partir d’un téléphone portable, sauf si l’on utilise un réseau privé virtuel (RPV).

Les autorités demandent à Telegram de bloquer certains canaux créés par des opposants iraniens à l’étranger qui appellent ouvertemen­t la population à renverser le pouvoir.

Les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite de la République islamique, ont annoncé mercredi la fin de la «sédition» ayant débuté le 28 décembre et des manifestat­ions de soutien aux autorités sont organisées tous les jours dans de nombreuses villes. Dimanche, la télévision d’État a diffusé des images de rassemblem­ents à Rasht et à Gazvin (nord), à Shahr-e Kord (sud) et à Yazd (centre).

Ces rassemblem­ents sont une «réponse de la population aux fauteurs de troubles et à ceux qui les soutiennen­t», affirme la télévision, alors que les autorités accusent Washington, Israël et l’Arabie saoudite d’avoir été à l’origine des troubles avec la complicité de groupes «contrerévo­lutionnair­es ».

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