Trottoirs chauffants : des villes nordiques utilisent des technologies éprouvées
Montréal songe à abandonner le système le plus répandu dans le monde
Montréal a analysé plusieurs technologies avant d’arrêter son choix sur des trottoirs chauffants au glycol pour le projet de reconstruction de la rue Sainte-Catherine Ouest. Même si les coûts d’exploitation de cette technologie sont moins élevés que les autres systèmes, l’administration Plante envisage tout de même d’abandonner cette idée. Une occasion manquée, selon certains observateurs.
D’autres villes nordiques dans le monde ont pourtant des trottoirs chauffants. En février 2017, une délégation de la Ville de Montréal s’était rendue à Oslo (Norvège), à Helsinki (Finlande) et à Reykjavik (Islande) pour vérifier l’efficacité des trottoirs chauffants.
La majorité des systèmes fonctionnaient, a indiqué Marilyne Laroche Corbeil, relationniste à la Ville de Montréal.
Pour la rue Sainte-Catherine, la Ville a examiné plusieurs scénarios.
Des câbles chauffants électriques auraient pu être intégrés dans le béton ou déposés sous les pavés, mais ce système peut être affecté par la corrosion, précise-t-on.
Une autre technologie, le béton à résistances intégrées développé par l’Université Nebraska-Lincoln, prévoit l’installation de fibres métalliques directement dans le béton. Le système est encore «en évolution», estime la Ville.
La Ville a finalement préféré le système de type hydronique avec un réseau de tuyaux faisant circuler un mélange d’eau et de glycol chauffé à l’électricité.
«Cette technologie est la plus répandue dans le monde lorsqu’il s’agit de chauffer de grandes surfaces. Les avantages sont principalement l’entretien, les coûts d’exploitation moins élevés et la diminution très importante des problèmes de corrosion observés sur les installations avec câbles électriques chauffants», explique Mme Laroche Corbeil.
La Ville a également étudié la géothermie, mais cette option a été rejetée pour des questions de faisabilité, de coût et d’ef ficacité.
Le caractère nordique
Les trottoirs chauffants, dont le coût est estimé à 26 millions, permettraient à la Ville de réduire la dégradation de ses infrastructures due au passage de la machinerie lourde et à l’utilisation des sels de déglaçage. Mais l’administration Plante hésite en raison des problèmes rencontrés à la place Vauquelin où le système installé l’été dernier n’est toujours pas fonctionnel.
Professeur au Département d’études urbaines et touristiques à l’UQAM, François Racine trouve dommage que la Ville renonce aux trottoirs chauffants: «On manque une occasion unique de montrer que Montréal négocie harmonieusement avec son caractère nordique.»
Ce professeur est d’avis que la Ville pourrait tirer des leçons de l’expérience de la place Vauquelin «pour assurer une réalisation selon les règles de l’art sur la rue Sainte-Catherine». «J’ai toutefois des réserves concernant d’éventuelles fuites de glycol, un produit très polluant », souligne-t-il.
Sinon, la Ville pourrait opter pour les câbles chauffants. Selon lui, les problèmes de corrosion ne sont pas insurmontables. « Il est possible de choisir des gaines qui résistent à la corrosion», dit-il.
«Même sans les trottoirs chauffants, le projet de design urbain proposé pour le réaménagement est novateur dans le sens qu’il redonne une place importante aux piétons dans la ville. »
Destination Centre-ville était favorable aux trottoirs chauffants, mais aurait souhaité que la Ville choisisse une option plus «innovatrice», comme la géothermie.
«On n’est pas d’accord avec l’idée de dépenser un million par année pour chauffer les trottoirs», a indiqué son directeur général, André Poulin.
D’autres trottoirs chauffants existent à Montréal, mais ils sont de moindre envergure. Les deux entrées du bâtiment de la Caisse de dépôt et placement du Québec sont dotées de surfaces chauffantes au glycol.
«Ça fonctionne bien, mais le système n’est pas destiné à faire fondre la neige en cas de tempête. Il permet de faire fondre la neige et la glace lorsqu’il y en a peu. La comparaison n’est pas facile parce que nos surfaces chauffantes sont sous des marquises, donc moins exposées que les trottoirs de la rue Sainte-Catherine», admet Sébastien Théberge, directeur principal aux affaires publiques chez Ivanhoé Cambridge.
L’administration Plante hésite en raison des problèmes rencontrés à la place Vauquelin où le système installé l’été dernier n’est toujours pas fonctionnel