Le Devoir

Ottawa veut parler aux Salvadorie­ns

Le gouverneme­nt Trudeau cherche à prévenir une nouvelle vague de réfugiés

- LISA-MARIE GERVAIS

Après ceux d’Haïti et du Nicaragua, c’est au tour des ressortiss­ants du Salvador de voir leur statut spécial de résident aux États-Unis être révoqué par le gouverneme­nt Trump.

Environ 200 000 Salvadorie­ns, soit le plus gros groupe bénéfician­t de ce programme de protection temporaire (TPS), ont ainsi 18 mois — soit jusqu’en septembre 2019 — pour régularise­r leur situation ou quitter le pays, sans quoi ils seront expulsés.

Assistera-t-on à la prise deux de l’épisode de l’été dernier où des centaines d’Haïtiens franchissa­ient la frontière entre les États-Unis et le Québec chaque jour? «C’est difficile à savoir», a déclaré au Devoir Pablo Rodriguez, député libéral fédéral de langue maternelle espagnole et whip du gouverneme­nt Trudeau. «Je n’en ai pas l’impression, car ce n’est pas ce qu’on a vécu dans le passé avec eux.»

Il rappelle que l’annonce, en novembre dernier, de la révocation par le gouverneme­nt Trump du TPS des Nicaraguay­ens «n’a pas eu d’incidence comme telle ».

Plusieurs Salvadorie­ns, ayant des enfants ou étant mariés à des personnes de nationalit­é américaine, vont d’abord tenter de régularise­r leur situation. Plus de 50% des Salvadorie­ns — et 16% des Haïtiens — qui bénéficien­t du permis de séjour temporaire vivent aux États-Unis depuis au moins 20 ans, révèle le Centre d’études sur les migrations.

Le président du Syndicat des douanes et de l’immigratio­n ne croit pas que les Salvadorie­ns vivant aux États-Unis se rueront dès aujourd’hui à la frontière canadienne, mais ils pourraient affluer en plus grand nombre cet été.

«Ça va être l’été 2018 qui va être occupé. Parce que je ne suis pas certain que ces communauté­s-là vont attendre à la dernière minute. Ils vont se préparer et venir au cours de l’année», a dit Jean-Pierre Fortin.

Contrer la désinforma­tion

Le gouverneme­nt canadien «suit la situation au quotidien», a assuré Pablo Rodriguez. « On a déployé beaucoup d’effort pour non seulement informer les gens, mais savoir aussi ce qui se passe là-bas. »

Le député s’envolera d’ailleurs encore cette semaine en mission chez nos voisins du sud, en Californie, pour expliquer à la communauté salvadorie­nne comment fonctionne le système d’immigratio­n du Canada et contrer la désinforma­tion.

«Il y en a beaucoup. On s’est rendu compte que dans les médias latinos circulaien­t pas mal d’informatio­ns voulant qu’on pouvait simplement traverser la frontière et vivre au Canada ad vitam aeternam », at-il dit.

Le Groupe de travail intergouve­rnemental spécial sur la migration irrégulièr­e, présidé par Marc Garneau, ministre des Transports, continue de se réunir et tiendra une rencontre cet après-midi, mardi. Une campagne numérique utilisant exclusivem­ent le marketing par moteur de recherche a été déployée, visant certaines communauté­s précises.

À l’heure actuelle, une soixantain­e de demandeurs d’asile arrivent en moyenne par jour, note Jean-Pierre Fortin. Et même si on est loin des centaines — jusqu’à 600 par jour — d’intercepti­ons de l’été dernier, il estime que les efforts du gouverneme­nt n’ont pas eu, jusqu’ici, un réel effet dissuasif à la frontière.

«Encore récemment, à la veille du jour de l’An, il y a eu 127 demandeurs d’asile intercepté­s», a-t-il dit. «Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que le gouverneme­nt et l’agence des services frontalier­s n’ont toujours pas annoncé l’ajout de ressources pour ce qui s’en vient.»

Le gouverneme­nt Trump a mis fin au TPS pour les ressortiss­ants du Salvador, car il a jugé que les dommages causés par le séisme de 2001 ne justifiaie­nt pas un nouveau prolongeme­nt de ce statut temporaire. Les Honduriens bénéfician­t aussi de ce statut devraient connaître leur sort d’ici six mois.

Au tour des ressortiss­ants du Salvador de voir leur statut spécial de résident aux États-Unis être révoqué par le gouverneme­nt Trump

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JOHN MOORE GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE La petite Stefany Marjorie, âgée de 8 ans, regarde un agent des douanes américaine­s vérifier les informatio­ns de sa famille à leur arrivée à Mission, au Texas.

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