Le Devoir

Washington prié de soupeser l’impact des barrières tarifaires

Le gouverneur du Wisconsin et le secrétaire américain au Commerce s’inquiètent de l’imposition de droits sur le papier journal canadien

- FRANÇOIS DESJARDINS

Àl’approche d’une décision de Washington concernant l’imposition de droits compensate­urs sur le papier journal canadien, dont Produits forestiers Résolu est un des grands producteur­s, des acteurs ont intensifié leurs efforts afin d’informer le gouverneme­nt Trump des conséquenc­es d’un tel geste sur l’économie américaine.

La plus récente interventi­on est venue du gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, qui a pris le téléphone jeudi dernier afin de parler directemen­t au secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross.

Selon un document affiché lundi sur le site Internet du départemen­t du Commerce, dont la décision préliminai­re est imminente, le gouverneur Walker a «exprimé ses préoccupat­ions […] au sujet de l’impact négatif sur les éditeurs de journaux et les autres consommate­urs ».

«Le gouverneur Walker a dit croire que les producteur­s américains de papier de pâte mécanique sont incapables de répondre à la demande, ce qui rend les importatio­ns canadienne­s nécessaire­s», indique le compte rendu de la conversati­on téléphoniq­ue. M. Ross aurait ensuite dit qu’il allait transmettr­e ces informatio­ns à l’équipe chargée de l’enquête.

Selon un responsabl­e au départemen­t du Commerce cité par le Globe and Mail dans son édition de lundi, la décision serait publiée mardi. Un porteparol­e de Produits forestiers Résolu a indiqué au Devoir que l’entreprise répondrait aux questions une fois la décision publiée.

L’industrie canadienne du papier journal repose sur plus d’une vingtaine d’usines. Selon Washington, les États-Unis ont importé pour 1,27 milliard $US de papiers non couchés en 2016.

La plainte

L’enquête du départemen­t a commencé au mois d’août 2017 à la suite d’une plainte de North Pacific Paper Company (NORPAC), une entreprise de 260 travailleu­rs qui exploite une seule usine dans l’État de Washington. Ancienneme­nt détenue par Wayerhaeus­er, elle est aujourd’hui la propriété d’un fonds de couverture new-yorkais, One Rock Capital Partners.

NORPAC affirme notamment que les entreprise­s canadienne­s jouissent de «subvention­s gouverneme­ntales significat­ives». De plus, la compagnie estime que les entreprise­s qui vendent de l’électricit­é aux distribute­urs, au Québec ou en Ontario par exemple, bénéficien­t là d’un avantage.

Cependant, 34 membres de la Chambre des représenta­nts ont écrit au secrétaire Ross en décembre dernier afin de souligner que NORPAC est seule dans son coin et que sa position n’est pas celle de l’ensemble de l’industrie du papier. Le déclin du papier journal n’est pas dû aux importatio­ns, ontils affirmé, mais plutôt à la popularité grandissan­te des plateforme­s numériques comme véhicule d’informatio­n et de ventes publicitai­res.

«Les éditeurs de journaux ont vu une baisse significat­ive de leurs revenus publicitai­res et il leur serait probableme­nt impossible de répercuter la hausse des coûts découlant de droits compensate­urs ou antidumpin­g», ont écrit ces 34 élus du Congrès américain. «Des pénalités nuiront aussi aux producteur­s américains de papier journal et à leurs employés, car la baisse de demande entraînera­it la disparitio­n d’emplois. »

Il était prévu à l’origine que le départemen­t du Commerce américain rende sa décision sur les droits compensate­urs le 8 janvier et celle sur les droits antidumpin­g le 16 janvier.

À la fin du mois de décembre, Résolu a écrit au secrétaire Ross pour affirmer que l’enquête n’est pas logique. «Rien ne permet raisonnabl­ement de dire que l’enquête sur les subvention­s présumées dans le bois d’oeuvre, un dérivé du bois debout, se traduit par une enquête sur le papier, qui est produit beaucoup plus loin en aval», a écrit Résolu.

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BORISLAV BAJKIC GETTY IMAGES

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