Le Devoir

Décès de l’éditeur de Pagnol, Simenon et Dicker

- CATHERINE LALONDE

Bernard de Fallois, éditeur de la maison d’édition qui porte son nom fondée en 1987, et connu pour avoir au fil du temps publié Marcel Pagnol, Georges Simenon, Jacqueline de Romilly, Robert Merle, Rose Tremain (Le royaume étranger, Femina étranger 1994) et, récemment, Joël Dicker, est décédé le 2 janvier à Paris. Il avait 91 ans.

C’est en publiant pour Gallimard les textes de jeunesse de Marcel Proust (Jean Santeuil, 1952 ; Contre Sainte-Beuve, 1954) que Bernard de Fallois fait son nom en littératur­e française, alors qu’il n’a que 26 ans. Il sera ensuite directeur du Livre de Poche, qu’il révolution­nera avec Guy Schoeller — au point que certains les considèren­t comme les «inventeurs» de ces petits formats grand public.

Bernard de Fallois entre ensuite chez Hachette en 1962, et dirige le groupe de 1969 à 1975, avant de sauter aux Presses de la Cité, autre grand groupe éditorial. À 61 ans, il fonde les Éditions de Fallois, dont le catalogue compte maintenant quelque 800 titres — dont quatre du Québécois Yves Beauchemin (Juliette Pomerleau ; La serveuse du café Cherrier). «Je garde de lui le souvenir d’un seigneur de l’édition, homme d’une grande simplicité, d’une correction parfaite, à l’esprit fin et ironique et qui, souvent, semblait faire effort pour cacher son immense culture», aécritau Devoir M. Beauchemin. «Bernard de Fallois, c’est […] le spécialist­e de Georges Simenon, l’éditeur de Marcel Pagnol, de Françoise Chandernag­or, d’inédits de Marcel Proust, et j’en passe. Bien rares ceux qui peuvent étaler un tel palmarès! Un éditeur qui veut durer doit se doubler d’un homme d’affaires averti, et Bernard de Fallois l’était. Mais c’était sa passion pour les livres qui transparai­ssait d’abord et avant tout — et sa profonde humilité devant le travail de la création littéraire», poursuit l’auteur du méga succès québécois Le matou (1981).

Être vivant

« La première qualité d’un romancier est de savoir captiver le public. C’est un don rare», disait Bernard de Fallois. «Dans le roman, le style n’est pas une fin en soi. Ce qu’il faut, c’est être vivant. Par le style, bien entendu. Mais pas ce qu’on entend par là en général, pas par le côté “bien écrit”. »

« Un éditeur ne doit pas avoir de personnali­té», ajoutait-il en s’amusant dans cette entrevue du Figaro, faite autour du succès de la publicatio­n de La vérité sur l’affaire Harry Quebert (2012), de Joël Dicker. Ce dernier a d’ailleurs partagé sur Twitter la tristesse d’avoir perdu son ami, son maître et son éditeur. « L’un des hommes les plus extraordin­aires que j’ai connus. Il a tracé ma vie d’une marque indélébile, il a changé le cours de mon destin. Je lui dois tout. »

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