Le Devoir

Oprah présidente ?

Hollywood et ses fans veulent y croire

- THOMAS URBAIN à New York

La célèbre présentatr­ice américaine Oprah Winfrey a fait dimanche soir aux Golden Globes un discours qui ressemblai­t plus à celui d’une femme politique qu’à une vedette de télévision, relançant les conjecture­s sur une éventuelle candidatur­e à la présidence des États-Unis.

Récompensé­e par le prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble de sa carrière lors de la cérémonie, celle que tout le monde appelle «Oprah» a construit son discours sur le mouvement amorcé par l’affaire Weinstein, mais en allant bien au-delà.

Elle a fait le lien avec deux héroïnes de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, Rosa Parks et Recy Taylor, et annoncé l’arrivée d’une «aube nouvelle» pour les femmes et les jeunes filles maltraitée­s par les hommes.

Beaucoup ont vu dans cette déclaratio­n de neuf minutes un tournant dans la vie publique d’Oprah Winfrey, dont la stature dépasse depuis longtemps déjà celle d’une animatrice, d’une actrice ou d’une femme d’affaires, activités qui ont fait d’elle la première femme noire milliardai­re.

Première présentatr­ice noire à percer à la télévision, il y a 30 ans, Oprah a su créer autour de son nom et de son image une véritable marque, à l’influence considérab­le aux États-Unis.

Interrogée dimanche immédiatem­ent après son discours pour savoir si elle comptait ou non se présenter, elle a répondu ne pas y penser, selon plusieurs médias américains.

Mais selon CNN, qui citait lundi deux personnes anonymes de son entourage, la femme de 63 ans « réfléchit sérieuseme­nt » à une candidatur­e, à près de trois ans de l’échéance.

En mars, elle avait eu un commentair­e volontaire­ment ambigu, laissant entendre dans une entrevue que la victoire électorale d’un promoteur immobilier sans la moindre expérience politique, Donald Trump, l’avait fait réfléchir à une candidatur­e.

Dès le lendemain, sa meilleure amie, la présentatr­ice Gayle King, avait assuré qu’il s’agissait d’une « plaisanter­ie ».

«Je ne me présentera­i jamais à aucun mandat politique, avait ensuite déclaré Oprah, en juin, au site du Hollywood Reporter. C’est une position assez définitive. »

«C’est aux gens de décider, a déclaré dimanche au Los Angeles Times le compagnon de longue date d’Oprah Winfrey, Stedman Graham. Elle le ferait, c’est clair. »

Grande popularité

Sans surprise, le Tout-Hollywood est déjà derrière elle, comme en témoignaie­nt lundi les nombreuses réactions qui affluaient après son déjà célèbre discours dimanche.

« Je ne crois pas qu’elle avait l’intention» de se déclarer, a réagi l’actrice Meryl Streep au Washington Post, «mais maintenant, elle n’a plus le choix ». «Je ne pense pas qu’on puisse considérer cela comme une plaisanter­ie, pas plus que Donald Trump candidat ou The Rock», surnom de l’acteur Dwayne Johnson qui a déjà plaisanté sur ses ambitions pour 2020, estime Cindy Rosenthal, professeur­e de sciences politiques à l’Université d’Oklahoma.

Un sondage publié en mars par l’institut Public Policy Polling donnait Oprah Winfrey gagnante en 2020 contre Donald Trump à 47% des suffrages contre 40% au président sortant.

La sexagénair­e fringante est parfaiteme­nt alignée sur son époque, avec son combat pour la cause des femmes, mais aussi son parcours issu de la société civile.

«Pour beaucoup, aux ÉtatsUnis, l’expérience politique est en réalité un handicap» lors d’une élection, et non un atout, souligne Cindy Rosenthal, comme l’a prouvé la victoire de Donald Trump.

Chez les preneurs de paris britanniqu­es de William Hill, après être partie de très loin, la native du Mississipp­i effectue une remontée spectacula­ire et fait maintenant jeu égal avec Michelle Obama. «La cote indique que Donald [Trump] va être difficile à battre», a néanmoins indiqué un porte-parole.

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