Le Devoir

Allégation­s d’agressions sexuelles à Concordia

Le rectorat affirme prendre au sérieux les faits rapportés par un ancien étudiant en études anglaises

- SARAH R. CHAMPAGNE

L’Université Concordia a réagi mardi à des allégation­s d’agressions sexuelles et d’abus de pouvoir qui visent des professeur­s du Départemen­t d’études anglaises.

Dans une déclaratio­n mise en ligne lundi, le recteur Alan Shepard se dit «troublé» par le texte publié par Mike Spry, ancien étudiant en littératur­e et instructeu­r pour la même université. «Ces allégation­s sont graves et seront traitées avec le plus grand sérieux», écrit M. Shepard.

Le billet de blogue de M. Spry fait état de divers comporteme­nts précis, assimilabl­es à des agressions sexuelles et à du harcèlemen­t sexuel. Il dit avoir été témoin d’un nombre «incalculab­le de cas de gestes d’affection non désirés, d’attoucheme­nts, de remarques et de propositio­ns inappropri­ées ».

«Lorsqu’ils étaient rejetés par des femmes, des hommes en position d’autorité ont propagé des rumeurs, dénigré et dégradé celles qui les avaient rejetés », écrit-il.

Ce texte rapporte aussi des « allégation­s générales au sujet de l’existence d’un climat de violence psychologi­que au sein du réputé programme de création littéraire», reconnaît le recteur Shepard.

« En tant qu’étudiant à Concordia, j’ai été témoin d’abus de pouvoir et de la normalisat­ion de la sexualisat­ion des étudiants par des professeur­s, des écrivains et des éditeurs», écrit Mike Spry sans donner de noms.

Il soutient qu’au moins deux professeur­s de Concordia ont eu des relations sexuelles répétées avec différente­s étudiantes. L’un d’eux, en outre un «écrivain connu», s’en vantait ouvertemen­t et les «manipulait en leur achetant des consommati­ons alcoolisée­s».

Monde littéraire secoué

Ces allégation­s ne datent cependant pas de lundi. En 2014, l’auteure et ancienne étudiante de Concordia Emma Healey avait aussi raconté sa relation avec un professeur de littératur­e. Sans le nommer, Mme Healey décrivait, dans un billet largement diffusé, son comporteme­nt qualifié d’abusif.

Mike Spry nomme cette «masculinit­é toxique» comme un problème plus large du milieu littéraire canadien.

En novembre 2015, l’Université de Colombie-Britanniqu­e a suspendu le professeur et romancier Steven Galloway, à cause d’allégation­s pesant sur lui. Il a été congédié en juin 2016 après une enquête, sans que la nature des allégation­s soit révélée à ce moment.

L’Université Concordia souligne quant à elle les mesures prises en réponse à la violence sexuelle, notamment le lancement d’un centre d’aide et d’une nouvelle politique pour clarifier le processus de déclaratio­n.

Cégeps et université­s du Québec ont jusqu’au 1er janvier 2019 pour encadrer «les liens intimes, amoureux ou sexuels qui peuvent s’établir entre un étudiant et une personne ayant une influence sur le cheminemen­t de ses études ».

La loi-cadre adoptée par l’Assemblée nationale le 8 décembre dernier n’interdit pas les relations entre professeur­s et étudiants. Elle force les établissem­ents à se doter euxmêmes d’un code de conduite pour baliser les abus potentiels de pouvoir. La loi prévoit en outre qu’une politique de prévention de la violence sexuelle doit inclure un processus clair de formulatio­n et de suivi d’une plainte.

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DAVID AFRIAT LE DEVOIR Mike Spry, ancien étudiant en littératur­e à l’Université Concordia, fait état dans un blogue de divers comporteme­nts précis, assimilabl­es à des agressions sexuelles et à du harcèlemen­t sexuel.

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