Mobilité, économie et habitation en priorité
L’administration Plante affichera ses orientations par le dépôt de son premier budget
L’administration de la mairesse Valérie Plante déposera mercredi son premier budget. Celui-ci sera axé sur la mobilité, le développement économique et l’habitation, mais la culture et les loisirs ne seront pas en reste puisque leur financement sera augmenté de près de 10 millions l’an prochain, a appris Le Devoir.
La Ville haussera du même coup de 2,5 millions sa contribution au Conseil des arts de Montréal en 2018.
Lorsque le président du comité exécutif, Benoit Dorais, s’était attaqué à la confection du budget au lendemain des élections du 5 novembre, il avait constaté l’existence d’un manque à gagner de 358 millions dans les projections budgétaires pour 2018.
Cet écart budgétaire était notamment attribuable au coût plus élevé que prévu des régimes de retraite. L’opposition s’était toutefois moquée de l’indignation de Projet Montréal face à ce «trou» budgétaire. Comme l’écart tenait compte des demandes budgétaires de tous les services, il revient à l’administration en place, quelle qu’elle soit, de prendre les décisions en fonction de ses priorités, avait fait valoir le chef de l’opposition, Lionel Perez.
Le premier budget PlanteDorais devrait ainsi donner le ton pour les prochaines années.
Hausse de taxes
Comme l’avait fait son prédécesseur Denis Coderre, Valérie Plante a promis que les hausses de taxes des Montréalais ne dépasseraient pas le taux d’inflation. Pour 2018, le Conference Board du Canada prévoit un taux d’inflation de 2,1% dans la grande région de Montréal.
Lors du dernier budget de la Ville, celui de l’année 2017, les hausses moyennes de taxes pour le secteur résidentiel avaient été de 1,7% et celles imposées au secteur non résidentiel avaient été limitées à 0,9 %.
Le budget poursuivra-t-il une tendance à la hausse ? En 2017, il s’était chiffré à 5,2 milliards, en hausse de 2,8% par rapport à l’année précédente.
Au fil des ans, la part de la rémunération dans les dépenses de fonctionnement de la Ville a toutefois baissé, passant de 51,2% dans le budget en 2014 à 44,2 % en 2017.
Les transports
Valérie Plante s’est fait élire comme la «mairesse de la mobilité». Accompagnée du ministre des Transports, André Fortin, et du ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, la mairesse a justement annoncé mardi le lancement de l’appel d’offres pour l’achat de 300 autobus hybrides supplémentaires pour 2020, une de ses promesses phares.
Le coût d’acquisition des autobus n’a pas été révélé, mais en campagne électorale, Projet Montréal avait estimé la dépense à environ 225 millions. La plus grande part de la facture devrait cependant être assumée par Québec.
Ce projet, qui portera à 2107 le nombre d’autobus à la STM, entraînera des dépenses additionnelles pour la STM, qui devra embaucher 600 chauffeurs supplémentaires en plus du personnel d’entretien requis.
Le président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb, a d’ailleurs reconnu mardi que le budget d’exploitation de sa société augmenterait de 75 millions par année à compter de 2020.
L’annonce de ces 300 autobus n’aura toutefois pas d’incidence sur le budget 2018 de la Ville de Montréal qui sera présenté mercredi. Reste à voir si la contribution de la Ville à la STM sera haussée. Celle-ci avait été de 455,6 millions en 2017.
Une autre promesse majeure de la campagne de Projet Montréal a été le lancement du projet de ligne rose du métro. Le coût annuel de la création du bureau de projet et la réalisation d’études avait été estimé à 1,2 million dans la plateforme électorale du parti.
Culture
En matière de culture, Valérie Plante avait promis d’augmenter à 20 millions le budget du Conseil des arts de Montréal et elle disait aussi vouloir protéger les ateliers d’artistes et les lieux de création.
Selon les informations obtenues par Le Devoir, le budget consacré aux loisirs et à la culture grimpera de 9,8 millions en 2018, une hausse attribuable en grande partie aux activités dans les arrondissements.
Ce montant inclut une augmentation de 2,5 millions de la contribution de la Ville au Conseil des arts de Montréal. Rappelons qu’en 2017, Montréal avait versé 14,5 millions au Conseil des arts, soit 500 000$ de plus qu’en 2016.
De son côté, le musée Pointeà-Callières, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal recevra 745 000$ de plus qu’en 2017, pour une contribution de 8,1 millions de la Ville.
En coulisses, on indique qu’en matière de culture, ce budget ne permet pas de réaliser tous les souhaits de l’administration: «C’est un budget de transition, mais ça donne un signal sur nos intentions pour les années subséquentes. »
Inspections
Au chapitre de l’habitation, l’administration a déjà fait savoir que la Ville consacrerait un million de plus dans sa brigade d’inspecteurs en salubrité afin de porter à 30 le nombre d’employés voués à cette tâche.
On ignore toutefois si Valérie Plainte ira de l’avant avec sa promesse de créer une «brigade des chantiers» chargée d’effectuer des visites-surprises sur les chantiers et de s’assurer de la qualité des travaux. Le coût de cette mesure a été estimé à 3 millions par année.
Fiscalité
Autre élément à surveiller: Projet Montréal avait proposé plusieurs mesures fiscales, dont le remboursement des droits de mutation («taxe de bienvenue») aux familles ayant au moins un enfant et qui font l’achat d’une propriété à Montréal. Selon les prévisions, cette mesure pourrait coûter 19,8 millions par année à la Ville.
Valérie Plante a aussi mentionné qu’elle comptait élaborer un système de crédit de taxes en guise de compensation pour les commerçants dont le chiffre d’affaires se trouve affecté par les chantiers de construction.
Le budget sera déposé au conseil municipal mercredi après-midi et fera par la suite l’objet d’une étude de la part de la Commission des finances. Il sera adopté d’ici la fin du mois de janvier.