Le Devoir

Les frasques d’un de ses fils mettent Nétanyahou dans l’embarras

- MICHAEL BLUM à Jérusalem

Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, est à nouveau confronté aux frasques d’un de ses fils et à l’enregistre­ment d’une virée arrosée entre amis dans les clubs de striptease­uses de Tel-Aviv.

La mise en cause du mode de gouverneme­nt et des relations de M. Nétanyahou avec le monde des affaires trouve cette fois ses origines inattendue­s dans le comporteme­nt de son fils aîné, Yaïr, et dans les propos qu’il a tenus lors d’une sortie entre copains au cours de l’été 2015 dans la capitale israélienn­e des plaisirs.

Yaïr Nétanyahou, 26 ans, volontiers qualifié de «fils prodigue» par les médias, se trouve à bord d’une voiture avec Nir Maïmon, fils de Kobi Maïmon (l’un des hommes les plus riches d’Israël), Roman Abramov, collaborat­eur en Israël du milliardai­re australien James Packer, un chauffeur et un garde du corps.

Les jeunes gens, apparemmen­t éméchés, discutent sur un ton enjoué et en termes vulgaires de striptease­uses, de prostituée­s et même de l’ancienne petite amie de Yaïr Nétanyahou, selon un enregistre­ment de leur conversati­on réalisé à leur insu et diffusé lundi soir par la deuxième chaîne.

Ils se chamaillen­t sur les dépenses consenties au cours de cette équipée et, comme un présage, s’inquiètent en plaisantan­t de l’effet que produirait leur discussion si elle était rendue publique.

«Mon père a fait gagner 20 milliards de dollars au tien, tu peux bien me donner 400 shekels», dit Yaïr Nétanyahou à Nir Maïmon.

Yaïr Nétanyahou fait à l’évidence référence à un important accord pour l’exploitati­on des vastes champs gaziers découverts en Méditerran­ée il y a quelques années, une manne pour Israël. Le père de Nir Maïmon est un actionnair­e de premier plan d’Isramco, l’une des compagnies exploitant ces réser ves.

L’opposition se régale

Les adversaire­s du premier ministre se sont emparés de l’enregistre­ment, dont l’authentici­té n’est contestée par personne, pour attaquer à nouveau les avantages consentis à Yaïr Nétanyahou — comme une garde rapprochée jusque dans ses virées en boîte de nuit — et pour jeter la suspicion sur un accord gazier très controvers­é.

Le chef du parti travaillis­te Avi Gabbay a parlé sur Twitter d’une «nouvelle tache sur l’accord de gaz corrompu». Le parti de gauche Meretz a réclamé des investigat­ions.

M. Nétanyahou est déjà visé par deux enquêtes de police, dont les conclusion­s sont attendues dans les prochains mois, sinon semaines. Dans l’une d’elles, M. Nétanyahou est soupçonné d’avoir reçu, illégaleme­nt, des cadeaux de riches personnali­tés, dont l’Australien James Packer.

M. Nétanyahou a jugé «absurde» l’idée qu’il aurait cherché à favoriser l’homme d’affaires Kobi Maïmon alors qu’il n’avait «aucun contact» avec lui.

Yaïr Nétanyahou lui-même a rapidement présenté des excuses, invoquant les vapeurs de l’alcool. Quant à l’accord gazier, «il s’agissait d’une blague», a-t-il assuré dans un communiqué.

C’est aussi le langage employé sur les femmes qui lui est reproché. Le jeune homme a reconnu dans son communiqué avoir prononcé «des choses stupides » qui « ne reflètent pas ce [qu’il est et] les valeurs dans lesquelles [il a] été élevé».

 ?? THOMAS COEX AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Benjamin Nétanyahou (à gauche) et son fils Yaïr visitant le Mur des Lamentatio­ns, en 2015
THOMAS COEX AGENCE FRANCE-PRESSE Benjamin Nétanyahou (à gauche) et son fils Yaïr visitant le Mur des Lamentatio­ns, en 2015

Newspapers in French

Newspapers from Canada