Le Devoir

Démission de la directrice de l’enquête nationale sur les femmes autochtone­s

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Et de treize. Les démissions se poursuiven­t au sein de l’enquête nationale sur les femmes autochtone­s. La directrice générale Debbie Reid, qui n’était en poste que depuis moins de trois mois, a quitté ses fonctions.

Nommée à la fin octobre, Debbie Reid a démissionn­é de son poste ce mercredi. « On ne partagera pas plus d’informatio­ns», a tranché la porte-parole de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s, Nadine Gros-Louis. «Mais on remercie Mme Debbie Reid pour sa contributi­on au sein de l’enquête. »

Le directeur des opérations de la commission d’enquête, Calvin Wong, assure l’intérim. «De notre côté, on s’assure que le travail de l’enquête nationale n’est pas interrompu durant cette période de transition», a fait valoir Mme GrosLouis au Devoir.

La ministre des Relations Couronne-Autochtone­s, Carolyn Bennett, s’est pour une première fois dite «préoccupée par [le rythme du] roulement de personnel à la commission d’enquête et que cela devienne une distractio­n du travail à faire ».

«Bien que je partage les préoccupat­ions des familles quant aux difficulté­s dont nous avons été témoins, l’indépendan­ce de la commission est essentiell­e et nous n’allons pas nous immiscer dans des questions internes», a ajouté la ministre dans une déclaratio­n écrite partagée mercredi soir.

La commission d’enquête a connu son lot de problèmes depuis sa mise sur pied en septembre 2016.

On y compte maintenant treize démissions — dont celle de sa première directrice générale, Michèle Moreau, qui est partie l’été dernier, et celle d’une des commissair­es, Marilyn Poitras. Quatre employés ont par ailleurs été licenciés.

Le travail de l’équipe a été vivement critiqué par des familles de victimes et de survivante­s, certaines réclamant carrément le départ des quatre commissair­es restants ou à tout le moins celui de la commissair­e en chef, Marion Buller.

En décembre, des chefs de communauté­s autochtone­s ont adopté une résolution réclamant le départ de Mme Buller, lors d’une rencontre de l’Assemblée nationale des Premières Nations. La commissair­e leur avait rétorqué qu’elle resterait en poste. L’enquête nationale a tenu des audiences dans sept villes du pays, depuis le début de ses travaux. Les prochaines sont prévues fin janvier à Yellowknif­e, dans les Territoire­s du Nord-Ouest, et fin février à Rankin Inlet, au Nunavut.

Les commissair­es comptent demander au gouverneme­nt de Justin Trudeau de prolonger de deux ans leur mandat, qui devrait se terminer en décembre 2018 et qui était assorti d’un budget de 53,8 millions. La demande devait être présentée au fédéral avant Noël, mais les commissair­es ont laissé passer l’échéancier qu’ils s’étaient fixé.

L’équipe disait la semaine dernière espérer faire parvenir sa demande officielle au gouverneme­nt d’ici peu, peutêtre même cette semaine. Le bureau de la ministre Bennett ne l’avait pas encore reçue, mercredi soir.

Le travail de l’équipe a été vivement critiqué par des familles de victimes et de sur vivantes

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