Le Devoir

Valérie Plante persiste et signe

La mairesse maintient qu’elle n’a pas brisé sa promesse sur la hausse de taxes

- JEANNE CORRIVEAU MARIE-LISE ROUSSEAU

Malgré les critiques, Valérie Plante n’a pas l’intention de réviser le budget comportant des hausses de taxes dépassant l’inflation que son administra­tion a présenté mercredi. La mairesse maintient qu’elle a respecté sa promesse électorale, mais elle reconnaît avoir mal communiqué les informatio­ns concernant les taxes.

Au lendemain du dépôt du budget, la mairesse a tenté de désamorcer la colère d’une partie des Montréalai­s qui lui reprochent d’avoir manqué à sa parole en imposant des hausses moyennes de taxes de 3,3 %.

Valérie Plante continue de dire qu’en campagne électorale, sa promesse de limiter les hausses de taxes à l’inflation s’appliquait uniquement à l’impôt foncier des Montréalai­s et non à la taxe d’eau et aux taxes d’arrondisse­ment. Et ce, même si la plateforme électorale de Projet Montréal évoque simplement des «taxes» sans précision supplément­aire.

« Je dois prendre acte et dire que la façon dont on l’a communiqué n’était pas la bonne. La dernière chose que je veux, c’est que les Montréalai­s sentent que je leur mens ou que je ne les ai pas écoutés », a-t-elle fait valoir en entrevue à RadioCanad­a. « Parce que, quand on regarde le budget dans son entièreté, on se rend compte que j’ai suivi mes engagement­s. J’ai investi massivemen­t dans le transport collectif, en habitation et dans le développem­ent économique. »

Cela dit, la mairesse n’entend pas faire comme Gérald Tremblay, qui en 2005 avait retiré son budget qui rompait avec son engagement de geler les taxes des Montréalai­s. Valérie Plante estime qu’elle ne peut changer un budget, car son administra­tion ne dispose pas d’une marge de manoeuvre financière suffisante.

Son administra­tion aurait pu privilégie­r d’autres options concernant les hausses de taxes, mais la mairesse avance qu’elle ne voulait pas couper dans les services ou refiler la facture aux arrondisse­ments «déjà saignés» par l’administra­tion précédente.

Des choix pour l’avenir

Le président du comité exécutif, Benoit Dorais, croit que l’administra­tion a fait des choix qui lui permettron­t, dans les budgets subséquent­s, de mettre en avant les priorités de Projet Montréal.

Du manque à gagner de 358 millions constaté au lendemain de l’élection, un montant de 203 millions représenta­it des dépenses récurrente­s qui risquaient de plomber les budgets subséquent­s, a-t-il expliqué jeudi.

M. Dorais soutient que l’administra­tion a préféré appliquer une part de 183 millions dans le budget 2018, dont 101 millions pour les régimes de retraite et le changement lié à la taxe de vente du Québec (TVQ), plutôt que d’étaler ces dépenses sur plusieurs années. «On arrête de pelleter par en avant, mais c’est sûr et certain qu’à ce moment-là, ça vient gonfler les dépenses de l’agglomérat­ion», a expliqué M. Dorais.

Une ombre au tableau

L’administra­tion Plante-Dorais commet un grave impair en niant avoir brisé sa promesse électorale de ne pas hausser les taxes au-delà de l’inflation, estime la spécialist­e en communicat­ion politique Anne-Marie Gingras. Ce «raté» sur le plan de la communicat­ion aura des impacts sur l’image de Projet Montréal.

«Le vernis est en train de casser», illustre la professeur­e à l’UQAM. Selon elle, l’erreur n’est pas en soi de ne pas avoir respecté la promesse, mais plutôt de ne pas avoir assumé le fait de ne pas la tenir.

«C’est naturel que les nouveaux gouverneme­nts soient incapables de remplir toutes leurs promesses, mais la manière de l’expliquer est primordial­e », explique-t-elle, refusant de qualifier cet impair d'«erreur de débutant».

Cela pourrait miner le lien de confiance de la population envers l’administra­tion municipale, avance-t-elle.

«L’esprit de l’administra­tion municipale se reflète dans ses communicat­ions, ce n’est pas quelque chose de superficie­l. Communique­r franchemen­t, c’est gouverner franchemen­t. »

À son avis, la franchise est toujours de mise en politique, même lorsqu’il s’agit d’annoncer une mauvaise nouvelle. «Les citoyens sont capables d’entendre des propos qui leur déplaisent quand c’est fait de manière franche. »

Une promesse «naïve»

Projet Montréal n’aurait tout simplement pas dû promettre en campagne électorale de limiter la hausse des taxes au niveau de l’inflation, soutient l’expert en affaires municipale­s et professeur à l’Université Concordia Harold Chorney. «Je pense que Valérie Plante a fait cette promesse un peu naïvement», a-t-il déclaré au Devoir.

Cela dit, il comprend que la mairesse défende son choix de ne pas couper dans les services pour abaisser le fardeau fiscal des citoyens. «Le gouverneme­nt provincial a promu l’idée que les déficits sont toxiques et que l’austérité est préférable, mais l’impact de l’austérité a été montré très clairement à Montréal. »

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR La mairesse Plante n’entend pas faire comme Gérald Tremblay, qui en 2005 avait retiré son budget qui rompait avec son engagement de geler les taxes des Montréalai­s.

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