Le Devoir

La vision de la nouvelle administra­tion montréalai­se

Entrevue avec Christine Gosselin, responsabl­e de la culture

- CATHERINE LALONDE

La vision culturelle de la nouvelle administra­tion de Montréal? Poursuivre les axes nommés dans la Politique de développem­ent culturelle 20172022. Travailler le déploiemen­t des quartiers culturels, en utilisant plus souvent les bibliothèq­ues comme coeur. Mais surtout, penser de nouvelles structures, des manières d’outiller artistes et compagnies pour aider le milieu à «être plus résistant». C’est ainsi que Christine Gosselin, tout juste arrivée comme nouvelle responsabl­e à la culture, au patrimoine et au design au comité exécutif de la Ville de Montréal, nomme, en entrevue au Devoir, ses priorités.

«Je suis consciente que je fais face à beaucoup de défis », a indiqué la conseillèr­e de Rosemont–La Petite-Patrie. « Des défis qui se ressemblen­t par le fait qu’on est arrivé à une limite. On doit penser la préservati­on de nos acquis culturels autrement si on veut continuer. Le numérique, la baisse de fréquentat­ion des lieux de diffusion, la baisse de revenus, la hausse des valeurs immobilièr­es et des taxes mettent une pression sur l’activité culturelle, qui fragilise le milieu, qui lui a du mal à se retrouver dans le nouveau paysage économique. […] On continue à réfléchir à la culture de l’ancienne façon, avec des programmes et de l’aide ponctuelle, et on ne pense pas à la culture dans son volet «développem­ent économique» de base. On devrait y penser plus, et faire plus d’arrimage» avec les sociétés de développem­ent économique qui ont compris que la culture peut procurer une signature. Madame Gosselin donne ainsi le festival Mural, boulevard Saint-Laurent, en exemple. Ou la nouvelle galerie ArtGang et l’aménagemen­t extérieur prochain autour du théâtre Plaza, pour la Plaza Saint-Hubert.

Au lendemain de l’annonce d’une injection de 2,5 millions dans le budget du Conseil des arts de Montréal, faite afin de donner de «l’oxygène de la manière la plus directe aux créateurs et à l’écosystème, pour les récompense­r de porter la pyramide culturelle sur leurs épaules », celle qui a fait ses premières armes comme conseillèr­e et responsabl­e de la culture à l’arrondisse­ment du Plateau-Mont-Royal indique que les deux volets prioritair­es sont, dans la lignée de la nouvelle Politique culturelle de Montréal, le financemen­t et le défi numérique. «Le proverbe est cliché, mais il faut arrêter de donner des poissons et enseigner comment pêcher. C’est un peu notre optique, parce qu’on n’y arrivera plus avec la vieille formule. Nos ambitions dépassent ce qu’on pouvait concevoir comme soutien.»

La Politique culturelle comme le Plan d’action sur le patrimoine restent donc les structures de travail, même s’ils ont été déposés par l’administra­tion Coderre. «Ce sont des énoncés collectifs. C’est de là qu’on part. Il faut penser comment mettre en oeuvre cette Politique culturelle. On ne sait pas encore quels seront les chemins pour le faire. Et il faut travailler avec les politiques provincial­es et fédérales, c’est là que se trouve le financemen­t majeur. Et on a une bonne écoute.»

La bibliothèq­ue mixte

Concrèteme­nt, la responsabl­e de la culture sait déjà qu’elle veut pousser «le déploiemen­t de l’offre culturelle et de la création dans les quartiers excentrés », poursuivan­t ce concept de quartiers culturels et des plans culturels d’arrondisse­ment. «En commençant bien sûr par le programme des bibliothèq­ues, qui sont souvent des espaces mixtes (avec salles de spectacle et d’exposition) et constituen­t des pôles culturels. On veut poursuivre les transforma­tions, les agrandisse­ments des bibliothèq­ues et accélérer la cadence par rapport aux années précédente­s, en profitant au maximum du programme Rénovation, agrandisse­ment et constructi­on de bibliothèq­ues (RAC).» Et ces lieux devraient exploser hors leurs murs. «Ça passe par la valorisati­on de l’activité culturelle à travers des aménagemen­ts privilégié­s, à partir d’un tronçon, d’un pôle; ainsi on a l’activité culturelle dans les murs, qui se reflète aussi dans l’espace public. Ça peut être des bancs significat­ifs, des fontaines, des programmes de danse qu’il faut développer pour que tous les citoyens puissent jouir d’une offre culturelle de proximité. Des fois, dans certains quartiers, ça peut passer par l’art amateur ou le loisir culturel. C’est à géométrie variable. »

L’inclusion et la diversité sont aussi dans sa mire, afin de «bien faire avancer Montréal vers une identité vraiment représenta­tive de sa population». Christine Gosselin indique qu’il lui faut un peu de temps pour s’avancer davantage. «Il faut poursuivre la recherche d’outils et de solutions, répète-t-elle. Je sais que c’est un peu vague et bureaucrat­ique, mais il faut penser une approche globale qui s’adapte à chaque milieu. »

La responsabl­e de la culture sait déjà qu’elle veut pousser «le déploiemen­t de l’offre culturelle et de la création dans les quartiers excentrés»

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Christine Gosselin, nouvelle responsabl­e à la culture, au patrimoine et au design au comité exécutif de la Ville de Montréal

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