Le Devoir

Trump affiche son soutien aux militants anti-avortement

- SÉBASTIEN BLANC à Washington

Des milliers de militants contre le droit à l’avortement se sont rassemblés vendredi à Washington pour leur «Marche pour la vie» annuelle, galvanisés par Donald Trump qui est intervenu par lien vidéo, une grande première.

Quelques centaines de mètres seulement séparaient M. Trump des manifestan­ts réunis sur l’esplanade du National Mall lorsqu’il a pris la parole depuis la roseraie de la Maison-Blanche.

«Je suis honoré et très fier d’être le premier président à être ici avec vous, à la MaisonBlan­che, pour m’adresser à la Marche pour la vie», a-t-il déclaré par écran géant interposé, provoquant des applaudiss­ements nourris dans cet électorat conservate­ur crucial.

Dénonçant le fait d’avoir aux États-Unis «l’une des lois sur l’avortement les plus permissive­s du monde», Donald Trump a ensuite affirmé qu’ils figuraient parmi «les seuls sept pays à autoriser les avortement­s en fin de terme, avec la Chine, la Corée du Nord et d’autres ».

Puis, alors qu’il répétait un mythe maintes fois démonté, notamment lorsqu’il l’avait utilisé pendant la campagne, sa langue a fourché, prononçant « born » (né) au lieu de « torn » (arraché): «En ce moment, dans plusieurs États, les lois autorisent qu’un bébé soit “né” du ventre de sa mère au neuvième mois. Il faut que cela change. »

«Roe contre Wade»

«Choisissez la vie», «Respectez les femmes, respectez la vie», pouvait-on lire sur les pancartes brandies dans la foule colorée de manifestan­ts, rassemblan­t familles, lycéens et religieux.

« J’apprécie vraiment qu’il prenne le temps de nous parler, c’est vraiment important», confiait Sandy Burton, venue d’Indianapol­is à près de 800 kilomètres de Washington. «Nous rêvons de voir l’avortement devenir une solution impensable », a poursuivi la jeune femme.

« Ce président est un défenseur infatigabl­e de la vie et de la conscience aux États-Unis », avait déclaré peu avant son vice-président ultraconse­rvateur, Mike Pence. L’an dernier, il était devenu le premier vice-président américain à assister à la Marche pour la vie, ce grand défilé annuel des militants « pro-life », expression revendiqué­e par les opposants au droit à l’interrupti­on volontaire de grossesse (IVG).

Donald Trump, plusieurs fois divorcé et qui par le passé s’est dit pour le droit à l’avortement, n’est pas un leader évident pour les opposants à l’IVG. Mais ceux-ci sont bien conscients d’avoir marqué des points grâce à lui ces douze derniers mois.

Le discours vidéodiffu­sé de M. Trump était le premier d’un président en exercice. De précédents présidents républicai­ns, comme Ronald Reagan et George W. Bush, se sont adressés aux marcheurs par téléphone.

La Marche pour la vie marque un anniversai­re considéré comme funeste par ses participan­ts: «Roe c. Wade», l’arrêt emblématiq­ue de la Cour suprême qui a légalisé l’avortement le 22 janvier 1973 dans tous les États-Unis.

Chaque année, depuis 1974, les militants antiavorte­ment marchent donc aux alentours de cette date du National Mall jusqu’à la Cour suprême, dont ils espèrent un revirement historique sur « Roe c. Wade ».

Ils savent que, si Donald Trump se retrouvait en position de nommer à la haute cour un deuxième juge conservate­ur au cours de

son mandat, ce rêve pourrait devenir réalité.

En attendant, avec une Maison-Blanche, des dizaines d’États et un Congrès contrôlés par les opposants à l’avortement, leur cause progresse à coups de petites victoires.

Le gouverneme­nt américain a ainsi annoncé jeudi qu’il va créer une nouvelle division ministérie­lle consacrée aux libertés de conscience et religieuse, qui soutiendra les médecins, infirmière­s et autres personnels médicaux refusant d’accomplir certains soins qu’ils estiment contraires à leurs conviction­s.

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EVA HAMBACH AGENCE FRANCE-PRESSE Quelques centaines de mètres seulement séparaient Donald Trump des manifestan­ts réunis sur l’esplanade du National Mall lorsqu’il a pris la parole depuis la roseraie de la Maison-Blanche.

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