Le Devoir

Puigdemont assure pouvoir diriger depuis la Belgique

Le dirigeant indépendan­tiste entend être investi à distance, ce que les services juridiques du Parlement catalan jugent illégal

- DANIEL BOSQUE à Barcelone

Le dirigeant indépendan­tiste Carles Puigdemont a assuré vendredi pouvoir diriger la Catalogne depuis la Belgique et éviter ainsi d’être emprisonné s’il rentrait en Espagne, malgré l’opposition du gouverneme­nt espagnol.

«Je ne peux pas agir comme président régional si je suis prisonnier», a expliqué M. Puigdemont lors d’une entrevue à la radio catalane Catalunya Radio depuis la Belgique, où il s’est installé fin octobre juste avant d’être poursuivi par la justice espagnole pour «sédition» et «rébellion».

«En prison, je ne pourrais pas m’adresser aux gens, ni écrire, ni recevoir de visiteurs… La seule manière est de pouvoir continuer à le faire en liberté, en sécurité», a-t-il plaidé, faisant valoir qu’«aujourd’hui, les grands projets d’entreprise­s, universita­ires ou de recherche se dirigent aussi principale­ment en utilisant les nouvelles technologi­es» à distance.

Ses déclaratio­ns intervienn­ent alors que le nouveau président du Parlement catalan, Roger Torrent, consulte les différents partis pour proposer un candidat à la présidence régionale.

M. Puigdemont est le seul candidat, après un accord entre sa formation Ensemble pour la Catalogne et l’autre grand parti séparatist­e, la Gauche républicai­ne de Catalogne (ERC).

Les trois formations indépendan­tistes ont retrouvé leur majorité absolue au Parlement catalan à l’issue des élections régionales du 21 décembre qui avaient été convoquées par Madrid. Cela donne en théorie à M. Puigdemont toutes les chances de remporter le vote d’investitur­e.

Mais pour éviter d’être arrêté dès qu’il aura foulé le sol espagnol, il entend être investi à distance, ce que les services juridiques du Parlement catalan jugent illégal.

Si M. Puigdemont procédait ainsi, le chef du gouverneme­nt espagnol, Mariano Rajoy, a prévenu que la justice serait saisie pour paralyser sa nomination,

«Aujourd’hui, les grands projets d’entreprise­s, universita­ires ou de recherche se dirigent aussi principale­ment en utilisant technologi­es» les nouvelles Carles Puigdemont

qui doit être signée par le roi Felipe VI.

M. Rajoy a aussi annoncé qu’il maintiendr­ait dans ce cas la tutelle imposée à la Catalogne depuis fin octobre.

Madrid a de nouveau demandé à M. Puigdemont de ne pas agir hors la loi: «persister dans cette voie n’est pas la solution, au contraire, c’est une mauvaise idée», a dit le porteparol­e du gouverneme­nt, Íñigo Méndez de Vigo.

«Si le Parlement m’investit comme président, le chef de l’État n’a en aucun cas le droit d’empêcher ce mandat», affirme de son côté M. Puigdemont.

Il compte présenter par vidéoconfé­rence son programme de gouverneme­nt — passage obligé de la procédure d’investitur­e —, ou le faire lire par quelqu’un d’autre.

Au bout du compte, la décision d’autoriser les députés catalans à voter pour un candidat qui ne serait pas physiqueme­nt présent dans l’hémicycle revient au bureau du Parlement, composé du président de la Chambre, Roger Torrent, et de six autres membres (trois proindépen­dance et trois qui y sont opposés). M. Torrent doit annoncer lundi le nom de la personne qui se présentera au premier débat d’investitur­e, au plus tard le 31 janvier.

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