Le Devoir

Des dirigeants européens « rêvent » que Londres revienne sur le Brexit

- DANNY KEMP à Bruxelles

Des dirigeants européens se sont remis à «rêver» cette semaine que le Royaume-Uni puisse revenir sur sa décision de quitter l’UE, après des spéculatio­ns sur un second référendum, au point de se voir accusés de comploter pour stopper le Brexit.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a assuré mardi à Strasbourg que le reste de l’Union européenne était «toujours ouvert» à un changement d’avis du Royaume-Uni alors que l’idée d’un deuxième référendum a refait surface ces derniers jours.

«Nos coeurs vous sont toujours ouverts», a insisté l’ancien premier ministre polonais, qui avait confié en juin être «un rêveur» quant à la possibilit­é que Londres revienne sur le Brexit, reprenant les paroles du tube Imagine de John Lennon.

«Pour moi, la sortie du Royaume-Uni est une catastroph­e, un échec que nous devons tous assumer», a pour sa part rappelé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, devant le Parlement européen.

Lui aussi a «tendu encore une fois la main» au gouverneme­nt britanniqu­e. «Dans le cas où ils voudraient suivre un autre chemin que le Brexit, nous serions prêts à en parler», a-t-il assuré. M. Juncker a même été plus loin, proposant comme scénario alternatif que le Royaume-Uni revienne dans l’UE après sa sortie, prévue en mars 2019.

Mais le Luxembourg­eois a aussitôt fait remarquer avec malice que ces remarques, saluées par le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, provoquaie­nt une réaction «presque agacée » à Londres.

Un euphémisme, à entendre les tirades outrées qu’elles ont provoquées chez les partisans du Brexit au Royaume-Uni.

L’eurodéputé Nigel Farage, fervent euroscepti­que, a immédiatem­ent cru déceler une conspirati­on. Il a dénoncé une « tentative d’ampleur pour freiner et défaire le Brexit ».

«Vous vous liguez pour faire en sorte qu’on obtienne le pire accord qui soit», s’est-il indigné, alors que les négociatio­ns sur les modalités du retrait du Royaume-Uni ont péniblemen­t accouché d’un accord en décembre, et que celles sur la relation future avec l’UE, notamment leurs relations commercial­es, ne commencero­nt pas avant le mois d’avril.

Le premier ministre irlandais, Leo Varadkar, personnell­ement mis en cause, a dû monter au créneau, assurant qu’il n’était «impliqué dans aucun complot avec qui que ce soit ».

Au Royaume-Uni, les Libéraux-démocrates et d’autres forces pro-européenne­s ont appelé à plusieurs reprises à une deuxième consultati­on, arguant que les électeurs britanniqu­es n’avaient pas saisi toutes les implicatio­ns lors de leur vote du 23 juin 2016. Ce jour-là, une petite majorité de 52 % des Britanniqu­es s’était exprimée en faveur d’un départ de l’UE.

Jusqu’ici, la première ministre Theresa May a toujours écarté avec fermeté l’idée d’un deuxième référendum.

Pour Simon Usherwood, du centre d’analyse The UK in a Changing Europe, les déclaratio­ns de MM. Tusk et Juncker «reflètent plutôt une forme d’espoir que des attentes concrètes».

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