Un élu républicain se porte à la défense de Bombardier
Un élu républicain représentant la ville qui doit accueillir la ligne d’assemblage de la CSeries en Alabama a décidé de se porter à la défense de Bombardier auprès de la Commission internationale du commerce des ÉtatsUnis (USITC).
Dans une lettre envoyée vendredi à sa présidente Rhonda Schmidtlein, Bradley Byrne lui demande de tenir compte des intérêts de l’industrie aéronautique américaine dans son ensemble avant de trancher dans le litige opposant l’avionneur québécois et Boeing. «Les lois commerciales américaines sont en vigueur pour protéger et promouvoir les produits américains, écrit M. Byrne. Cela signifie préserver le bienêtre de toute l’industrie [aéronautique].»
Ce politicien s’ajoute à la longue liste d’élus et de sénateurs démocrates et républicains — sur laquelle figure l’ex-candidat à la présidence John McCain — ayant interpellé l’organisme ou le département du Commerce en vantant les retombées économiques générées par Bombardier au sud de la frontière.
Le représentant de l’Alabama à la Chambre des représentants ajoute que l’USITC devrait se rappeler que la portée de 2900 milles nautiques citée par le géant américain vise seulement la CSeries dans le segment des appareils de 100 à 150 places, ce qui écarte certains autres concurrents. Sans nommer d’autres constructeurs, M. Byrne semble faire référence à Embraer — qui semble considérer un rapprochement ou un partenariat avec Boeing — et sa famille E-Jets E2. Ces appareils sont considérés comme des concurrents de la CSeries.
L’USITC doit trancher le 25 janvier quant à savoir si la vente de 75 CS100 à Delta Air Lines en 2016 a porté préjudice à Boeing et à sa famille d’appareils 737 MAX 7, comme le prétend l’avionneur américain dans sa plainte déposée au printemps dernier. Si c’est le cas, les CSeries exportés au sud de la frontière devraient être frappés de droits compensatoires et antidumping finaux de 292,21% déterminés par le département du Commerce le mois dernier. Boeing accuse Bombardier de concurrence déloyale, alléguant que la multinationale québécoise a bénéficié de subventions gouvernementales indues pour vendre ses avions à des prix jugés dérisoires à Delta — le plus important client de la CSeries.
M. Byrne souligne dans sa lettre que la ligne d’assemblage américaine découlant du partenariat entre Bombardier et Airbus générera des retombées économiques importantes à Mobile, où le géant européen est déjà présent. Le projet de l’avionneur québécois représente un investissement estimé à 300 millions $US et doit générer de 400 à 500 emplois manufacturiers directs. Cela s’ajoute aux bénéfices qui devaient être générés par la CSeries aux États-Unis avant l’annonce du partenariat permettant à Airbus de devenir l’actionnaire majoritaire du programme.
L’avionneur estimait que sa famille d’avions commerciaux devait générer plus de 30 milliards $US en activités au sud de la frontière au cours de son existence, en plus de soutenir plus de 22 700 emplois dans 20 États américains.
«Les témoignages ayant eu lieu devant l’USITC laissent entendre qu’aucun préjudice n’a été causé dans ce dossier alors que les retombées économiques de la CSeries pour l’industrie américaine semblent importantes», écrit M. Byrne. À son avis, l’application de sanctions à l’égard de Bombardier pourrait pénaliser de nombreux fournisseurs en plus de mettre en péril des milliers d’emplois manufacturiers, ce qui nuirait à l’industrie aéronautique américaine.
La ligne d’assemblage de la CSeries prévue aux installations américaines d’Airbus constitue, selon l’avionneur québécois, un moyen de soustraire sa famille d’avions à d’éventuels tarifs à la frontière. À plus d’une reprise, Boeing a affirmé que ce projet constituait une ruse et que Bombardier n’avait pas véritablement l’intention d’aller de l’avant.