Le Devoir

Le PQ en quête de visages connus

Après la multiplica­tion des annonces de départs d’élus «vedettes», le parti de Jean-François Lisée peine à attirer des candidats de renom

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Le Parti québécois s’affaire à recruter des candidats à la hauteur de l’« ostie de bon gouverneme­nt» imaginé par son chef, Jean-François Lisée. Le hic: les candidats «vedettes» n’accourent pas au PQ. Les plus récents sondages qui créditent le PQ de quelque 20% des intentions de vote y sont pour quelque chose, confie le « député organisate­ur» Mathieu Traversy.

La perspectiv­e de voir le PQ être relégué au statut de deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale — une impression renforcée par les annonces en cascade de départs (Alexandre Cloutier, Nicole Léger, Agnès Maltais) mêlées à la «réflexion» entreprise par François Gendron, Claude Cousineau et Nicolas Marceau sur leur avenir politique — rebute. « Pour les candidatur­es de dernière minute [synonymes de «candidats vedettes» ou «candidats de prestige» dans le dictionnai­re du député de Terrebonne], c’est sûr que les sondages peuvent être un indicateur qui va entrer en ligne de compte dans leur réflexion», affirme-t-il dans un entretien avec Le Devoir.

Mais à huit mois et demi des élections générales, M. Traversy ne s’alarme pas. «On est encore beaucoup trop loin de l’élection pour que ça puisse avoir un impact définitif sur leur décision», soutient l’élu trentenair­e à l’autre bout du fil. «On va essayer de vous surprendre au cours des prochains mois. »

La députée de Joliette, Véronique Hivon, est de la partie, fait-il remarquer. En effet, la lieutenant­e du chef de l’opposition officielle — «numéro deux» de la formation politique, fait remarquer M. Traversy — multiplie les efforts afin de convaincre notamment des figures féminines de briguer les suffrages sous la bannière du PQ le 1er octobre prochain.

Comme l’ex-présidente de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé (FIQ), Régine Laurent? «C’est le genre de profil que nous aimerions bien avoir au Parti québécois», se contente de dire Mathieu Traversy.

Rencontre préélector­ale

L’attention des médias portée sur le PQ cette semaine a donné une impulsion aux militants — déçus par le départ prochain du député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, mais pas anéantis —, soutient un stratège péquiste.

Il se réjouit bien évidemment que le dévoilemen­t de la candidatur­e de la fille du poète Félix Leclerc, Nathalie Leclerc, ait été couvert par les médias nationaux, ce qui n’aurait pas nécessaire­ment été le cas si M. Lisée ne s’était pas retrouvé sur la sellette la veille.

Qui plus est, une vingtaine de personnes qui entrevoien­t la possibilit­é de se porter candidates à l’investitur­e du PQ dans une circonscri­ption ou une autre de l’île de Montréal ont bavardé avec le chef du PQ, Jean-François Lisée, ainsi que la députée de Marie-Victorin, Catherine Fournier, et l’auteur du rapport «Osez repenser le PQ», Paul St-Pierre Plamondon, au Café Eugène, vendredi. Aucune personnali­té publique ne faisait partie du lot.

Au moins 15 des 125 candidats aux prochaines élections générales seront connus d’ici fin mars, confirme Mathieu Traversy. Près de 20 conseils exécutifs de circonscri­ption se disent aussi prêts à sélectionn­er leur candidat en vue du scrutin. D’autres tarderont à tenir leur investitur­e, comme l’avait fait celui de la circonscri­ption de Saint-Jérôme à l’hiver 2014. «Il y a des circonscri­ptions qui peuvent dire: “On n’est pas pressées d’avoir un candidat tout de suite.” On est très ouverts à des candidatur­es de dernière minute, qui sont généraleme­nt des candidatur­es d’envergure, explique Mathieu Traversy. Le Parti québécois, c’est un parti qui est capable de se renouveler. C’est ça qu’on va vous démontrer au cours des prochains mois ! »

L’ex-chef péquiste Pauline Marois avait placé la barre haut en recrutant Lorraine Pintal, Martine Desjardins, Simon Prévost, Alexis Deschênes, Gyslaine Desrosiers, Diane Lamarre… sans oublier Pierre Karl Péladeau, en prévision du scrutin du 7 avril 2014. La première ministre s’enorgueill­issait d’avoir mis sur pied ni plus ni moins que la meilleure équipe de candidats.

À l’exception de Mme Lamarre (Taillon) et «PKP» (Saint-Jérôme), ses recrues avaient cependant toutes mordu la poussière.

La campagne «déterminée» menée par Mme Marois a mis fin à leurs espoirs de faire partie d’un gouverneme­nt péquiste — jusqu’au 1er octobre 2018 du moins. «C’est la campagne nationale, le parti et le chef qui jouent pour beaucoup dans une campagne électorale », souligne Mathieu Traversy.

Jeu de notoriété

D’ailleurs, même la notoriété d’un député sortant a un impact restreint sur ses chances d’être réélu dans sa circonscri­ption. Un élu peut aller chercher un point supplément­aire pour chacune des législatur­es qu’il a traversées, et ce, jusqu’à concurrenc­e de cinq points, estime un vétéran du PQ.

Cette « prime à la notoriété » a toutefois sauvé de la défaite Agnès Maltais dans la circonscri­ption de Taschereau au printemps 2014. Son successeur ou sa successeur­e devra batailler ferme afin de faire mentir le maire de Québec, Régis Labeaume, qui prédisait la disparitio­n prochaine du PQ de la région de la Capitale-Nationale. «Entre vous et moi, c’est le vide, après [le départ de Mme Maltais]. Alors, dans l’histoire politique contempora­ine de notre ville, c’est majeur», a fait valoir le diplômé en sociologie de l’Université Laval lors de son passage sur la colline Parlementa­ire mardi.

« Être les outsiders de cette campagne, ça nous va», a pour sa part lancé Jean-François Lisée.

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PHOTOS JACQUES NADEAU LE DEVOIR Mardi, c’est avec émotion que la députée de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, qui oeuvre au PQ depuis de longues années, a annoncé qu’elle ne solliciter­a pas de nouveau mandat au moment des élections d’octobre.
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À huit mois des élections, la formation de Jean-François Lisée est au plus bas dans les sondages: elle récolte à peine 20% des intentions de vote.

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