Quitter l’exil pour les bonnes raisons
Depuis les départs péquistes et la rumeur entourant un certain Jean-Martin Aussant, les discussions s’intensifient à propos d’un retour de ce dernier au Parti québécois. Nombreux sont ceux qui, en coulisses, dans les journaux et sur les réseaux sociaux, ont recours à la prémisse suivante: une défaite, ou pire, une déconfiture du PQ, affecterait lourdement l’option indépendantiste.
Ce prisme d’analyse est symptomatique de l’impasse dans laquelle s’enfonce le péquisme depuis des années, alors que l’intérêt du parti y est systématiquement confondu avec celui de l’option, et priorisé par rapport à ce dernier. Si on remet les choses à l’endroit et qu’on se demande ce qu’il faudrait faire pour replacer l’indépendance à l’ordre du jour, les perspectives changent, pour peu qu’on s’extirpe également du réflexe partisan. Le PQ, dans sa forme actuelle, ne sert pas l’indépendance. Il cherche plutôt sans cesse à s’en éloigner pour, croit-il, mieux aspirer au pouvoir. Paradoxalement, il obtient plutôt le résultat contraire, perdant sans cesse de sa pertinence et du terrain électoral. Chemin faisant, il discrédite également l’option.
Imaginons quand même que le PQ dans sa forme actuelle prenne le pouvoir. Cela signifierait, essentiellement, un mandat complet de gouvernance provinciale et de silence sur l’option. D’un point de vue indépendantiste, cette perspective est beaucoup plus calamiteuse que prometteuse. Nous venons de gaspiller vingt ans et d’échapper une génération entière. Combien d’années faudra-t-il encore attendre?
Des indépendantistes ont parfaitement le droit d’investir le PQ, demain matin s’ils le veulent (Option nationale est bien allé disparaître à Québec solidaire, après tout!) Toutefois, si leur objectif prioritaire est l’indépendance du Québec, il faut souhaiter qu’ils le fassent non pas pour sauver le PQ, cette pauvre victime d’un souverainisme qui serait tombé en panne malgré lui, mais plutôt en ayant conscience que le PQ lui-même a conduit l’option dans l’impasse et avec pour but de lui redonner une orientation indépendantiste claire et assumée, quitte à — comme l’a dit si souvent Jean-Martin Aussant — risquer la défaite dans l’immédiat. Nic Payne Le 18 janvier 2018