LES FLÂNEURS
Des reporters boulimiques de culture partagent leur coup de coeur de la semaine
Rohmer pour contrer l’hiver
Pour fuir l’insoutenable froid polaire, rien de mieux que d’aller se réfugier à la Cinémathèque québécoise afin de plonger dans l’oeuvre lumineuse d’Éric Rohmer, et ainsi se délecter des marivaudages de
Pauline à la plage, succomber au Genou de Claire ou au Rayon vert, envier la désinvolture de La collectionneuse, renouer avec Françoise Fabian et Jean-Louis Trintignant dans Ma nuit chez Maud ou avec un tout jeune Fabrice Luchini en Perceval le Gallois. Bref, il existe 1001 raisons de vouloir s’immerger dans cet univers où le verbe est vif, le ton léger et l’esprit fin. Rétrospective Rohmer, virtuose et moderne, jusqu’au 5 février.
New York crade
Le cycle Cinémathèque interdite se poursuit, fort du succès que lui font les amateurs de films dits trash et d’exploitation. Ce samedi, on propose deux visions délirantes (et fauchées) de New York avec — en glorieux doublage français d’époque — 2019 après la chute de New York (2019 – Dopo la caduta di New York, 1983), de Sergio Martino, et Corps à vidanges (Street Trash, 1987), de Jim Muro. Le premier est un succédané kitsch de
Mad Max, le second conte comment une caisse de vin acide fait littéralement fondre les sans-abri. On pourra y voir une allégorie annonciatrice de l’ère Giuliani.
Le Montréal artistique de Szilasi
C’est à une incursion extraordinaire dans l’effervescence artistique du Montréal des décennies 70 et 80 que nous convie le Musée McCord à travers son exposition de photos de Gabor Szilasi. Jamais ce grand photographe n’eut l’impression de capter l’histoire en croquant la faune des vernissages dans les lieux emblématiques de la métropole. Et pourtant… Hormis les documentaires de Jacques Giraldeau, ces photos des Molinari, Cohen, Gauvreau, Ferron, Vaillancourt et compagnie dans leurs jeunes années et en pleines réunions arrosées et discussions enflammées sont parmi les rares témoins de cette époque féconde et explosive.
Des souvenirs à fleur de lumière
Et si la technologie pouvait nous rendre nos souvenirs? Ils surgiraient sur commande, au milieu d’une pièce, témoignant de nos vigueurs et de nos amours passées… C’est un peu cette possibilité qu’explore le spectacle Temporel, alliage étonnant entre cirque, théâtre et technologie, à la Place des Arts. Dans l’intimité de la Cinquième Salle, les artistes des 7 doigts Isabelle Chassé et Patrick Léonard côtoient les projections parfaitement intégrées créées par Victor Pilon et Michel Lemieux. Cela donne une très fine réflexion sur la mémoire, sur ce qu’on en jette, sur ce qu’on en garde. Un spectacle tout en poésie et en humour léger.