Casse à l’américaine
Tout le monde tire sur tout ce qui bouge dans le polar À armes égales
Scénariste de La chute de Londres, de Babak Najafi, et d’Un homme à part, de F. Gary Gray, Christian Gudegast se lance maintenant dans la réalisation. Et non sans talent. Cela dit, son premier film, À armes égales, divertissant au demeurant, ne s’inscrira pas sur la liste des grands films de casse.
Écrit avec la collaboration de Paul Scheuring, réalisateur du peu inspiré remake de L’expérience d’Oliver Hirschbiegel, ce drame policier comporte bien des longueurs au cours desquelles Gudegast se plaît à multiplier les coups de feu et les poursuites en auto sans réellement se soucier de la cohérence. Par endroits, les scènes d’action paraissent avoir été montées de façon arbitraire. Tant que c’est bruyant et que la caméra bouge frénétiquement, tout va bien. Il y a tant de coups de feu dans À
armes égales que le réalisateur semble vouloir y faire l’apologie du deuxième amendement de la Constitution américaine. Entre les fusillades, il prend bien son temps pour ficeler un récit de braquage digne d’un western classique où il offre une vision violente de l’Amérique d’aujourd’hui. Au cours de l’exercice, il réservera même quelques bonnes surprises.
Campé dans un Los Angeles surchauffé, À armes égales met en scène deux clans aux antipodes les uns des autres, mais qui finissent par se ressembler dans leur façon de détourner la loi à leur profit. On saluera d’ailleurs le choix de casting, chaque acteur possédant une gueule de dur à cuire et un physique imposant à souhait. En fait, chaque personnage passerait d’un clan à l’autre qu’on n’y verrait que du feu.
Ayant décidé de cambrioler la Réserve fédérale de Los Angeles, où l’on élimine chaque jour 120 millions de dollars, Merrimen (Pablo Schreiber), braqueur arrogant, et sa bande doivent rivaliser de ruse avec Nick Flanagan (Gerard Butler), redoutable shérif, et ses hommes qui les ont à l’oeil.
Tandis que se prépare le cambriolage, Merrimen et Flanagan se livreront à une guerre de nerfs et d’ego sous forme d’un viril pas de deux — on remarquera au passage que les femmes, dont l’épouse pleine de rancoeur et la danseuse aguichante, ont peu à faire dans cet univers peuplé de mâles obsédés par la gâchette. Heureusement qu’arrive en scène Donnie, incarné par le très doué O’Shea Jackson Jr., révélé dans
Straight Outta Compton où il incarnait son père, Ice Cube.
Barman discret, Donnie travaille dans le club que fréquentent Merrimen et ses acolytes. C’est là que l’y rencontrera Flanagan, qui voudra s’en faire un allié, croyant que ceci lui permettra de déjouer les plans de Merrimen. Presque tout l’intérêt du film repose d’ailleurs sur ce personnage, le seul qui semble habité, qui n’ait pas l’air d’une caricature de malfrat.
Tandis que Gerard Butler, sur le mode autoparodique, Maurice Compte et Kaiwi Lyman, du côté de la loi et l’ordre, et Pablo Schreiber, Evan Jones et 50 Cent, du côté des «méchants», joueront des gros bras et multiplieront les mines patibulaires, Christian Gudegast orchestrera un dernier acte haletant et une finale plus que satisfaisante.
À armes égales (V.F. de Den of Thieves)
★★ 1/2 Drame policier de Christian Gudegast. Avec Gerard Butler, Pablo Schreiber, O’Shea Jackson Jr., 50 Cent, Evan Jones, Maurice Compte et Kaiwi Lyman. États-Unis, 2018, 240 minutes.