Cave à vin ou… cimetière à bouteilles ?
Ce sont plus de quatre millions d’hectolitres de vin qu’auraient éclusés les Canadiens d’un océan à l’autre entre 2014 et 2015, selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin. Ce qui apparaîtra tout de même comme une peccadille quand l’on pense qu’un million de Romains sifflaient déjà, au Ier siècle après Jésus-Christ, près de deux millions d’hectolitres par année !
Toutes proportions gardées, le pays de Justin n’arrive pas à la cheville des amphores maniées par Caligula, Tibère, Domitien, Trajan, Hadrien et consorts. Et je ne vous parle pas des 700 tonnes de pot parties en fumée en 2017 dans le «plus planant pays du monde», quantité qui s’inscrira vraisemblablement à la hausse lors des prochaines Statistiques Cannabis Canada en 2018. Je vous tiendrai au courant du dossier.
« La cave, c’est ce qui reste quand on a tout bu »
Mais certains d’entre vous thésaurisent et ne boivent pas tout. Ils attendent. Ce qui fausse bien évidemment les statistiques. Leur cave à vin devenant une assurance plaisir en plus d’être un judicieux refuge pour placements liquides. Ils n’ont pas tort. Mais il faut faire gaffe!
Primo, ce ne sont pas tous les vins qui peuvent se permettre de se bonifier (lire: accéder à plus de profondeur et de complexité tout en se dotant d’une part de mystère supplémentaire sans affecter l’harmonie d’ensemble, soit, allez, disons, environ 10 % de la production mondiale). Secundo, il faut se souvenir qu’à trop vouloir stocker, vous risquez d’être rapidement dépassé par les candidats qui ont «plafonné» et qui, ultimement, transformeront votre cave en cimetière à bouteilles. L’idée est de faire rouler les flacons, entre une cave trop pleine et une autre où il ne reste plus que les murs.
Mais voilà, comme la courbe d’évolution d’un vin n’est pas (encore) inscrite sur la contre-étiquette de la bouteille, le flair s’impose alors, sans compter que c’est aussi une affaire de goût. Les vinifications contemporaines sont axées sur des fruités pétant de santé avec des vins destinés à une consommation de courte ou de moyenne durée. Mais une règle sûre demeure: il faut se souvenir qu’il vaut mieux boire ses vins plus jeunes que trop vieux. Comme l’espace est trop restreint pour développer le sujet, voici quelques beaux vins logés dans ce que je pense être (mais je ne suis pas devin!) dans leurs cases de bonification respective.
À boire d’ici cinq ans
Embocadero 2014, Ribera del Duero, Espagne (16,95 $ – 13396286 – ★★1/2 ©). Chiroubles 2016, Pacalet, Bourgogne, France (28,35 $ – 12847831 – ★★★1/2). Crozes-Hermitage Cuvée Louis Belle 2013, Domaine Belle, Rhône, France (31,50 $ – 917484 – ★★★1/2 ©). Champagne Bollinger Spécial Cuvée Brut, France (81,75 $ – 384529 – ★★★★).
Se conservera plus de cinq ans
Ginéginé 2015, Buil & Giné, Priorat, Espagne (20,80 $ – 11337910 –
★★★©). Borgo Scopeto 2014, Chianti Classico, Toscane, Italie (21,15$ – 13460647 – ★★★ ©). Château de Cazeneuve Les Calcaires 2015, Pic Saint Loup, France (22,60$ – 881656 – ★★★1/2 ©). Quintessence 2015, Château Pesquié, Rhône, France (23,55$ – 969303 – ★★★). Château Yvonne 2015, Saumur, Loire, France (29,70$ – 10689665 – ★★★1/2 ©). Pomerol 2015, JeanPierre Moueix, Bordeaux, France (32,60 $ – 739623 – ★★★1/2 ©). Principiano Ferdinando Barolo 2013, Serralunga, Piémont, Italie (44,75$ – 11387301–★★★1/2©). Pernand Verge lesses1er Cru En Caradeux 2015, Louis Latour, Borgogne, France (57,25$ – 12760040 – ★★★1/2 ©).
Se bonifiera au-delà de dix ans
Château de la Guimonière 2014, Coteau du Layon 1er Cru Chaume, Loire, France (32,75$ les 500ml – 12718749 – ★★★1/2). Big River Zinfandel 2014, Ravenswood, Alexander Valley, ÉtatsUnis (45,25 $ – 12490385 – ★★★★ ©). Poggio Alle Mura 2012, Brunello di Montalcino, Banfi, Toscane, Italie (70 $ – 701920 – ★★★★©).