Le Devoir

La parité hommes-femmes est atteinte en médecine

La première femme a été admise dans une faculté de médecine au Québec il y a cent ans

- AMÉLIE DAOUST-BOISVERT

En 1918, la Faculté de médecine de l’Université McGill ouvrait ses portes aux femmes. Mais il aura fallu cent ans pour atteindre la parité au sein de la profession médicale au Québec.

Elles comptent maintenant pour 50,1 % des médecins actifs, a annoncé le Collège des médecins (CMQ) lundi dans son traditionn­el bilan annuel des effectifs médicaux. La féminisati­on dans les facultés étant manifeste depuis plusieurs années, l’atteinte est symbolique, puisqu’elle était prévue. Ce qui n’empêche pas le président du CMQ, le Dr Charles Bernard, de s’en réjouir. Pour lui, c’est une «grande nouvelle». «On a traversé le plafond de verre!»

La féminisati­on de la profession médicale ne pose pas un problème d’effectifs, comme certains peuvent le soulever, dit-il. «Non, je n’adhère pas à l’idée que ça prend plus de femmes médecins pour faire le même travail en raison, notamment des congés de maternité. Elles font la même charge de travail et, de toute façon, les jeunes hommes médecins aussi veulent avoir accès à des congés de paternité », croit-il.

On est loin encore de la parité toutefois au sein des instances qui représente­nt les médecins. Au CMQ, le conseil d’administra­tion compte par exemple 11 femmes sur 28 postes. « C’est une de mes déceptions; on a travaillé très fort pour approcher de la parité, dit le Dr Bernard. Elles ne se sentent pas encore appelées par les organisati­ons.» Tout de même, la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ) compte 4 femmes (dont la présidente) et 5 hommes à son conseil d’administra­tion, se trouvant donc en zone de parité. Sur les 35 associatio­ns qui sont affiliées à la FMSQ, 8 seulement toutefois sont présidées par des femmes. L’instance administra­tive de la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec (FMOQ) compte une femme sur neuf administra­teurs.

Dans les facultés, 63% des étudiants en médecine sont des femmes.

Davantage de retraites

En tenant compte des départs, des décès et des retraites, le Québec comptait au 31 décembre 261 médecins de plus que l’an précédent à pareille date, dont 181 médecins de famille. Il y a plus de retraites qu’il y a quelques années: avec le même nombre de diplômés (environ 800), il y a déjà eu ajout net de 542 médecins en 2012, par exemple.

Le CMQ indique que, pour 895 nouveaux médecins en 2017, il y a eu 410 départs (retraite, par exemple), 82 décès, 170 radiations et 7 expiration­s de permis.

C’est la Montérégie qui a un bilan net de nouveaux médecins le plus positif parmi les régions du Québec, avec 27 spécialist­es et 31 omnipratic­iens en plus par rapport à l’an dernier.

La proportion d’omnipratic­iens par rapport aux spécialist­es reste stable, ces derniers étant toujours plus nombreux. «Ça fait partie de nos objectifs d’avoir plus de médecins de famille, mais ça ne bouge pas vraiment», constate le Dr Bernard. «J’aimerais qu’on parle des grands omnipratic­iens comme des grands spécialist­es», ajoute-t-il.

Le Dr Bernard ne croit pas qu’il soit temps de réduire le nombre d’admissions dans les facultés de médecine, même si les années de pénurie, du moins dans plusieurs spécialité­s, semblent chose du passé. «On ne voudrait pas revenir à la situation que nous avons vécue. Il y a eu un peu moins d’admissions l’an dernier, mais, selon nous, il ne faut pas continuer dans cette voie-là», dit-il.

En septembre, 17 étudiants de moins ont été admis en médecine. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a indiqué en juillet dernier au Journal de Montréal qu’il comptait poursuivre cette attrition jusqu’à offrir 51 places de moins en 2019. Il se montrait toutefois ouvert à ajuster le tir au besoin.

Newspapers in French

Newspapers from Canada