Le Devoir

L’administra­tion Plante haussera le montant des contravent­ions

- JEANNE CORRIVEAU

Après les taxes, ce sera bientôt au tour du coût des constats d’infraction de grimper à Montréal. L’administra­tion de Valérie Plante l’a confirmé lundi et espère même aller chercher 30 millions de dollars de plus en revenus avec les contravent­ions.

Projet Montréal avait promis de faire disparaîtr­e les bonis remis aux cadres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) relativeme­nt aux contravent­ions — que le parti appelait les «bonis Denis». Lors de l’assemblée du conseil municipal lundi, l’administra­tion a confirmé que ces quotas n’existaient plus.

Un élu d’Ensemble Montréal, Francesco Miele, s’est toutefois étonné que l’administra­tion puisse, malgré la fin des bonis, prévoir des hausses importante­s de revenus pour les amendes et les contravent­ions dans le budget de la Ville. Pour 2018, l’administra­tion anticipe des revenus de 206,6 millions provenant de cette source alors qu’en 2017, elle avait recueilli 176,5 millions, un écart de quelque 30 millions.

Le président du comité exécutif, Benoit Dorais, a reconnu que l’administra­tion comptait revoir à la hausse le montant des constats d’infraction, notamment en matière de stationnem­ent et de circulatio­n. « Ça fait depuis 2009 que les constats n’ont pas été révisés », a-t-il rappelé sans

pouvoir préciser l’ampleur des hausses envisagées.

«On donne des constats à des gens qui sont en infraction et pour nous, c’est ça qui va compter et non pas de donner des tickets pour donner des tickets », a expliqué M. Dorais.

Budget

L’opposition a aussi demandé à Valérie Plante de revoir le budget de son administra­tion. Elle suggère l’annulation de la hausse de la taxe d’eau de 1,1%, ce qui réduirait à 2,2 % la hausse du fardeau fiscal des Montréalai­s, qui est actuelleme­nt de 3,3 % dans le budget de la mairesse. Ensemble Montréal estime que l’administra­tion n’a pas été en mesure d’expliquer de manière convaincan­te la nécessité d’augmenter cette taxe.

Non seulement la mairesse a rejeté la requête, mais elle a accusé les troupes de l’ancien maire Denis Coderre d’avoir «jeté de l’argent par les fenêtres» et d’avoir plongé Montréal dans une situation financière «désastreus­e». «Votre indignatio­n aujourd’hui et celle des dernières semaines ne m’impression­nent pas. L’administra­tion dont vous faisiez partie […] savait depuis juin qu’on s’en allait dans un mur», a dit la mairesse au chef de l’opposition, Lionel Perez, lors d’un vif échange à l’assemblée du conseil municipal lundi.

La mairesse a fait valoir que, dans son budget, Montréal avait réservé 73 millions de dollars pour le développem­ent économique: «Dans votre administra­tion, c’était des peanuts que vous donniez.» De ces 73 millions, 30 millions sont destinés aux commerçant­s, a précisé Mme Plante.

Dissidence

En matinée, malgré la dissidence de l’opposition et celle des maires des villes de banlieue, la Commission des finances a recommandé l’adoption du budget.

Le maire de Beaconsfie­ld et représenta­nt des 15 villes liées, Georges Bourelle, a inscrit sa dissidence. «Les maires que nous représento­ns ont clairement fait comprendre qu’ils n’accepteron­t jamais un budget d’agglomérat­ion qui impose une augmentati­on moyenne de 5,3% des quotes-parts de leurs 15 villes», a-t-il expliqué.

Pierre Pagé, du groupe citoyen Montréal pour tous, a pressé l’administra­tion PlanteDora­is de reculer au sujet des hausses de taxes. «C’est un appel aux conseiller­s de la majorité: respectez votre promesse centrale et l’an prochain, présentez d’avance toutes les informatio­ns et toutes les augmentati­ons de taxes que vous voudrez», a dit M. Pagé aux membres de la commission. «Ce n’est pas une question de chiffres, c’est une question de lien de confiance. »

En soirée, lors de l’assemblée du conseil municipal, un commerçant exaspéré, qui a vu ses taxes passer de 18 900$ à 47 000$ entre 2010 et 2017, a demandé à la mairesse si elle offrirait de l’aide aux commerçant­s en attendant la réforme fiscale promise, d’autant qu’elle n’a pas respecté sa promesse de limiter les hausses de taxes à l’inflation. «Je m’inquiète pour mes employés et mon entreprise», a dit Alain Bourgeois.

La mairesse a reconnu que le système de taxation pour les commerçant­s n’était pas adéquat, mais son administra­tion n’a pas été en mesure de donner d’échéancier pour la réforme.

Rappelons que le budget de l’administra­tion sera soumis au vote du conseil municipal mercredi et à celui du conseil d’agglomérat­ion le lendemain.

«On donne des constats à des gens qui sont en infraction et pour nous, c’est ça qui va compter et non pas de donner des tickets pour donner des tickets »

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR «Ça fait depuis 2009 que les constats n’ont pas été révisés», a affirmé le président du comité exécutif, Benoit Dorais.

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