Le Devoir

Voter, un geste de consommati­on

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Même si la grande foire électorale n’est prévue qu’à l’automne prochain, les grandes stratégies publicitai­res commencent à se mettre en place pour attirer les consommate­urs de la politique.

Du côté libéral, on veut nous faire oublier que la date de péremption du parti est dépassée depuis longtemps. En modifiant l’emballage, en utilisant une approche marketing de renouveau, en offrant des rabais, on tente de refaire l’image du parti autour d’un chef qui se veut plus populiste. Finie l’austérité, place à la générosité électorali­ste.

Première dans les sondages, la CAQ se veut quant à elle un produit de remplaceme­nt. Comme son leader parlementa­ire l’affirmait: «Pourquoi se contenter de la copie libérale alors que vous pouvez obtenir l’originale?» Si la nouveauté est un puissant levier de vente, encore faut-il que le produit inspire confiance. Comment ce parti peut-il promettre des baisses d’impôt et prétendre maintenir les mêmes services en éducation et en santé? La pilule caquiste dont la concentrat­ion néolibéral­e est plus forte que celle de son concurrent agirait plus rapidement pour réduire le rôle de l’État. Le consommate­ur se laissera-t-il berner par ces contradict­ions qui ouvrent très grandes les portes vers le privé? Si l’original est pire que la copie, peut-on parler vraiment de changement?

En ce qui a trait au PQ, que peut nous vendre ce parti? En se privant de son produit vedette de la souveraine­té, le message devra se recentrer autour des avantages pour le consommate­ur d’acheter sa vision sociale-démocrate. Sa stratégie marketing pourrait se centrer sur la force d’une équipe compétente dont l’expérience gouverneme­ntale a fait ses preuves. Face à ces deux concurrent­s de droite, son projet de société de centre gauche pourrait être une option valable pour le consommate­ur qui désire le respect de son identité, de sa langue et d’une vision généreuse du rôle de l’État.

Malgré quelques bons coups auprès de certaines population­s ciblées, la vision utopique de la société de Québec solidaire constitue son principal handicap pour réussir une percée dans le marché électoral.

Si «acheter, c’est voter», voter est de plus un geste de consommati­on, puisque les partis veulent nous vendre leurs programmes comme s’ils étaient des produits consommabl­es. Marcel Perron Neuville, le 22 janvier 2018

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