Le Devoir

Attention au lien de confiance avec les Montréalai­s

- PIERRE PAGÉ, JOHANNE DION, LUCILLE MALLETTE, JEANIE BAUDCHON Montréal pour tous

Lettre adressée à la mairesse de Montréal

Montréal pour tous a participé pour une 7e année aux travaux de la Commission des finances relativeme­nt au budget 2018. Nous implorons la mairesse et son équipe de ne pas endommager le lien de confiance. Ces travaux ouverts au public permettent de bien entendre et comprendre les données et les arguments des hauts fonctionna­ires, des élus de la majorité et de l’opposition. Après une semaine passionnan­te et éreintante de travail, nous ne sommes pas convaincus de l’effort spécial demandé aux contribuab­les, en matière de hausses de revenus ni en matière de hausses urgentes de dépenses.

Au-delà des sommes d’argent en cause et du bien-fondé de dépenses urgentes à faire, la question plus fondamenta­le est l’état de confiance des citoyens envers leur administra­tion. La hausse de taxes vient contredire la promesse centrale: ne pas hausser les taxes à un niveau plus élevé que l’inflation.

Pire, l’explicatio­n non transparen­te est venue en rajouter: vous avez mal compris notre promesse. Une autre option de communicat­ion était possible: nous sommes une nouvelle administra­tion, nous n’avions pas les chiffres exacts auparavant, nous nous excusons de ne pouvoir respecter notre promesse.

En l’absence d’une telle explicatio­n, une for te déception, constatée auprès de nos concitoyen­s, a été relevée par les médias. Ce fut une onde de choc vu le capital de sympathie et de confiance que la nouvelle mairesse avait su créer puis développer tout au long de la dernière campagne, avec le sourire.

Madame Plante, nous vous implorons de modifier votre budget afin de stopper cette onde de choc et de reprendre une bonne partie de la confiance que vous aviez su si bien gagner. Nous vous implorons de continuer le travail de retissage de confiance qui était en marche depuis la fin de l’administra­tion du maire Gérald Tremblay et de ces années troubles de gestion municipale.

Vaincre le défaitisme et le cynisme

Notre groupe s’est mis sur pied en 2011 afin de lutter contre le défaitisme et le cynisme vifs d’un grand nombre de citoyens. Notre inquiétude était profonde, elle touchait la base de la démocratie et proposait une autre option : tout n’est pas corrompu dans le «royaume» de Montréal; des instances existent où les citoyens peuvent exprimer leurs préoccupat­ions et leurs propositio­ns de changement. Notre analyse était la suivante: ce sentiment d’impuissanc­e citoyenne face aux institutio­ns manifeste un immense danger, celui de revenir à des politiques populistes et autoritair­es, pour ne pas dire de droite !

Dès l’arrivée de l’administra­tion du maire Coderre, nous avons échangé d’égal à égal avec lui et son administra­tion là-dessus. Nous avions convenu qu’au-delà de nos divergence­s sur des questions particuliè­res, nous devions lutter ensemble pour améliorer le lien de confiance. Il y eut beaucoup de mesures positives en ce sens: publicatio­n et discussion ouvertes de nombreuses données, mise en place du bureau de l’Inspecteur général, correctifs proposés par le Contrôleur général et le Vérificate­ur général, évaluation du rapport qualité-prix des services municipaux, programme avec Québec pour récupérer les sommes volées par diverses entreprise­s de génie civil et de constructi­on.

Malheureus­ement, le maire Coderre a emprunté les chemins tortueux de la non-transparen­ce durant la campagne dans plusieurs dossiers, tels que la course de Formule électrique et le parterre du parc Jean-Drapeau. Il l’a payé très cher, puisque bon nombre de citoyens et électeurs n’ont pas fait confiance à ses explicatio­ns.

Par contre, vous avez su donner l’heure juste sur plusieurs dossiers, et la confiance a été acquise avec netteté. Nous étions encouragés, de façon non partisane, par votre intérêt et votre passion communicat­ive pour les Montréalai­s et leurs affaires, ainsi que par votre volonté ferme de pousser en avant la transparen­ce de l’administra­tion. Nous allions dans le même sens.

Nous avons travaillé bénévoleme­nt avec ardeur pour accroître la confiance en organisant des assemblées publiques avec le président du comité exécutif, l’inspecteur général, le directeur de l’évaluation foncière où ces responsabl­es municipaux ont présenté d’égal à égal avec les citoyens leurs orientatio­ns et leurs décisions. Nous avons constaté que le public était intéressé, nous nous sommes réjouis quand trois grands médias anglophone­s ont mis en place, en octobre dernier, un vrai débat public qui a suscité une participat­ion dynamique. Nous avons pu observer en direct comment vous, Madame Plante, avez fait progresser votre lien de confiance avec des secteurs et des quartiers que votre parti touchait peu.

En révisant votre budget 2018, vous admettrez une erreur et regagnerez une confiance précieuse pour la préparatio­n du budget 2019. Ce sera une occasion en or de présenter à l’avance le portrait d’ensemble des dépenses que vous jugez prioritair­es en 2019, celui des revenus nécessaire­s, dont le volet des taxes foncières, puis vous en discuterez avec les citoyens, quitte à demander et à bien justifier des efforts supplément­aires.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? La mairesse de Montréal, Valérie Plante
JACQUES NADEAU LE DEVOIR La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Newspapers in French

Newspapers from Canada