Le Devoir

La réforme fiscale américaine dopera la croissance mondiale à court terme, selon le FMI

- DELPHINE TOUITOU

Washington — Le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) s’est une nouvelle fois montré optimiste sur la croissance économique mondiale, intégrant cette fois l’impact positif à court terme de la réforme fiscale américaine et le rythme de croissance plus soutenu des économies avancées.

Après une hausse de 3,7% en 2017, le PIB mondial devrait progresser de 3,9% en 2018 comme en 2019, soit une améliorati­on de 0,2 point par rapport aux précédente­s prévisions d’octobre qui avaient déjà été relevées.

Pour les États-Unis, où le gouverneme­nt Trump a adopté juste avant Noël une vaste réforme des impôts, le FMI table sur une croissance de 2,5% cette année, soit une hausse de 0,6 point de pourcentag­e comparé à ses prévisions d’automne et de 2,7% l’an prochain (+0,4 point). «La révision reflète le rythme de croissance mondiale plus rapide et l’impact attendu des changement­s de politique fiscale aux États-Unis», a résumé le FMI dans un rapport de conjonctur­e mondiale.

«Quelque 120 économies, comptant pour les trois quarts du PIB mondial, ont enregistré une hausse de croissance en 2017, soit le rebond le plus largement répandu dans le monde depuis 2010», explique l’institutio­n de Washington, qui a publié ses prévisions actualisée­s le jour de l’ouverture du Forum économique de Davos en Suisse.

S’agissant des États-Unis, le FMI estime que la baisse de l’imposition sur les entreprise­s devrait tirer les investisse­ments, ce qui pourrait se traduire par 1,2 point de pourcentag­e de croissance supplément­aire jusqu’à fin 2020, tout en stimulant la croissance de ses partenaire­s commerciau­x à l’instar du Mexique.

Le PIB mexicain est ainsi attendu en hausse de 2,3% en 2018 (+0,4 point) et de 3% en 2019 (+0,7 point). Le FMI table aussi sur une croissance en zone euro plus rapide que prévu, avec une améliorati­on attendue dans tous les pays, exception faite de l’Espagne dont l’économie pâtit du mouvement indépendan­tiste en Catalogne. Le Fonds a ainsi abaissé la prévision de croissance pour ce pays à 2,4% cette année (-0,1 point).

L’institutio­n a par ailleurs laissé inchangée sa prévision de croissance 2018 et a abaissé celle de 2019 pour le RoyaumeUni, qui a lancé le processus de sortie de l’Union européenne (à 1,5 % pour les deux années).

Mise en garde

Optimiste à court terme, le FMI a toutefois mis en garde — comme en octobre — sur un possible retourneme­nt de la conjonctur­e économique mondiale à moyen terme. «Ce sont de bonnes nouvelles. Mais les dirigeants politiques et les décisionna­ires devraient rester conscients du fait que l’élan de croissance actuel est lié à la convergenc­e de facteurs qui ne devraient pas durer», a commenté Maurice Obstfeld, le chef économiste du FMI.

«La crise financière mondiale peut sembler bien derrière nous, mais sans des mesures rapides pour s’attaquer aux obstacles structurel­s à la croissance, pour permettre une croissance partagée plus équitablem­ent et pour ériger des barrières de protection et de résistance [aux crises], le prochain retourneme­nt conjonctur­el arrivera plus rapidement que prévu et sera plus difficile à combattre », a-t-il fait valoir.

Pour le FMI, la réforme fiscale aux États-Unis n’aura un effet qu’à court terme, car à moyen terme elle devrait creuser le déficit budgétaire, si bien que la croissance de la première puissance économique du monde devrait ralentir plus que prévu pendant plusieurs années à partir de 2022, effaçant quelques gains de la période précédente.

En outre, il s’inquiète d’un risque accru de correction sur les marchés alors que les principale­s Bourses mondiales profitent du vent d’optimisme avec la multiplica­tion des records enregistré­s à Wall Street.

Événements récurrents

L’institutio­n de Washington met aussi en garde sur les tensions géopolitiq­ues dans l’est de l’Asie et au Moyen-Orient et sur les incertitud­es politiques dans des pays comme le Brésil, la Colombie, l’Italie ou le Mexique, où des élections vont avoir lieu.

Les récentes catastroph­es climatique­s, comme les ouragans et la sécheresse, illustrent, elles, les risques d’événements récurrents engendrant d’importants coûts humanitair­es et économique­s.

Le FMI met en garde contre les tentations protection­nistes qui pourraient peser sur les investisse­ments et la croissance.

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