Yémen : l’Arabie saoudite débloque une aide humanitaire
Riyad est critiqué pour son intervention militaire musclée dans ce pays
Riyad — L’Arabie saoudite, sous le feu des critiques pour son intervention militaire au Yémen, a annoncé lundi une «nouvelle aide humanitaire» de 1,5 milliard de dollars et une opération pour augmenter la capacité des ports du pays en guerre afin de faciliter les secours.
Dans un communiqué, la coalition sous commandement saoudien a également annoncé un pont aérien entre Riyad et la province de Marib, dans le centre du Yémen, avec des vols quotidiens d’avions C130 qui transporteront de l’aide humanitaire.
Dix-sept corridors seront établis depuis « six points d’entrée» pour assurer «en toute sécurité» le transport de l’aide « vers des ONG opérant au Yémen », a ajouté le texte.
La coalition a précisé que le financement de 1,5 milliard de dollars servira à la distribution de secours «par des agences de l’ONU et des organisations internationales ».
Dimanche, dans la ville de Sanaa, capitale du Yémen, l’ONU et ses partenaires humanitaires avaient lancé un appel de fonds d’un montant de 2,96 milliards de dollars pour apporter une aide d’urgence à 11,3 millions de personnes en 2018.
Lundi, la coalition sous commandement saoudien a promis que ses efforts pour «ouvrir des voies terrestres, maritimes et aériennes » aboutiraient cette année à l’importation de 1,4 million de tonnes métriques par mois, contre 1,1 million de tonnes métriques par mois en 2017.
L’augmentation de la capacité des ports pour «les importations humanitaires et commerciales» coûtera 40 millions de dollars, et 30 millions de dollars seront dépensés pour réduire le coût du transport terrestre par une amélioration des routes, indique encore le texte.
Grave crise
La coalition a rappelé que, le 17 janvier, l’Arabie saoudite avait transféré deux milliards de dollars à la Banque centrale du Yémen, opérant depuis Aden (sud) où le gouvernement qu’elle soutient s’est établi en 2015 après avoir été chassé de Sanaa par les rebelles houthis soutenus par l’Iran.
Le Yémen, pays le plus pauvre du Moyen-Orient, est le théâtre d’un conflit qui a fait plus de 9200 morts et près de 53 000 blessés. L’ONU parle de «la pire crise humanitaire du monde» et évoque régulièrement des risques de famine à grande échelle.
En mars 2015, l’Arabie saoudite est intervenue à la tête d’une coalition militaire d’une dizaine de pays arabo-musulmans pour appuyer le gouvernement yéménite, mais les forces loyalistes peinent à reconquérir le terrain perdu au profit des rebelles. Depuis son intervention, Riyad a été régulièrement critiquée pour des raids aériens dont ont été victimes des milliers de civils et pour le blocus qu’elle a imposé autour du Yémen en accusant l’Iran, son grand rival régional, de transférer clandestinement des armes aux Houthis.
Le colonel Turki Al-Maliki, porte-parole de la coalition, a affirmé lundi que celle-ci «place ses ressources militaires à la disposition» des opérations humanitaires annoncées plus tôt dans la journée.
Plus tard, au terme d’une conférence à Riyad réunissant les chefs de la diplomatie des pays de la coalition, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, a rendu les rebelles responsables de la guerre et de ses conséquences.
« Les miliciens houthis sont responsables de la destruction du Yémen», a-t-il dit lors d’une conférence de presse, ajoutant que les missiles tirés par les Houthis étaient « fabriqués en Iran ».
À la même conférence de presse, un responsable saoudien, Abdallah Rabiah, a précisé que, sur la somme de 1,5 milliard de dollars d’aide humanitaire annoncée lundi, 1 milliard serait fourni par Riyad et le reste par d’autres membres de la coalition.
En 2015, l’Arabie saoudite a lancé une opération militaire pour appuyer le gouvernement yéménite