Le Devoir

Puigdemont entend gouverner la Catalogne

Le leader indépendan­tiste en exil a été désigné unique candidat à la présidence

- HELENE DAUSCHY à Copenhague DANIEL BOSQUE à Barcelone

L’indépendan­tiste catalan Carles Puigdemont, officielle­ment désigné candidat à la présidence de la Catalogne, a dénoncé lundi depuis le Danemark «l’autoritari­sme» de Madrid, assurant que son camp formerait «bientôt» un gouverneme­nt.

Le nouveau président du Parlement régional, Roger Torrent, a confirmé lundi matin qu’il proposerai­t à la Chambre la candidatur­e de Carles Puigdemont pour diriger à nouveau la Catalogne.

Une candidatur­e « absolument légitime», «en dépit de la situation personnell­e et judiciaire de M. Puigdemont », selon M. Torrent.

L’annonce a été faite moins de trois mois après la proclamati­on d’une « République catalane» mort-née, suivie par la destitutio­n du gouverneme­nt et la prise de contrôle de la région par Madrid.

Si Carles Puigdemont était investi, l’article 155 de la Constituti­on espagnole, ayant permis de placer la Catalogne sous tutelle, continuera­it à s’appliquer, a prévenu le chef du gouverneme­nt espagnol, Mariano Rajoy.

«Prétendre être le président du gouverneme­nt catalan en étant à Bruxelles est illégal», a-t-il affirmé samedi.

M. Puigdemont a fui en Belgique le 30 octobre. S’il revenait en Espagne, il serait immédiatem­ent placé en détention, dans une enquête pour «rébellion», «sédition» et «malversati­ons de fonds».

Il cherche le moyen d’être investi à distance par le Parlement régional où les indépendan­tistes ont retrouvé une majorité de sièges à l’issue des élections de décembre.

Une session d’intronisat­ion doit se tenir au plus tard le 31 janvier pour débattre de cette candidatur­e à distance. Aucune date n’a été fixée.

Carles Puigdemont a pris le risque de quitter lundi pour la première fois la Belgique pour participer au Danemark à un colloque sur l’avenir de sa région.

«Nous n’allons pas capituler face à l’autoritari­sme malgré les menaces de Madrid», a-t-il soutenu. «Bientôt, nous formerons un nouveau gouverneme­nt.»

Réélu député catalan, il a appelé au respect du processus démocratiq­ue et reproché à l’Union européenne (UE) « son incapacité à défendre les droits fondamenta­ux en Catalogne ».

Les Catalans, selon lui, «regardent avec forte inquiétude certains développem­ents autour des institutio­ns de l’UE. Nous sommes pro-européens évidemment […], nous sommes pour davantage d’intégratio­n [européenne] mais seulement si cela renforce la démocratie et [garantit] une applicatio­n uniforme du droit européen dans tous les pays membres», a-t-il affirmé au Danemark.

La justice espagnole avait renoncé à demander l’arrestatio­n de Carles Puigdemont en Belgique, notamment pour éviter des divergence­s d’interpréta­tion entre juges belges et espagnols sur la gravité des délits qui lui sont reprochés, dont celui de «rébellion», fort controvers­é.

Mais à l’annonce de son déplacemen­t à Copenhague, la justice espagnole a requis son arrestatio­n au Danemark.

Le juge espagnol chargé de l’enquête le concernant a cependant refusé de lancer un mandat: il a estimé que M. Puigdemont cherchait justement «à provoquer cette arrestatio­n à l’étranger» afin de se doter d’arguments pour être investi en son absence.

Si M. Puigdemont reste à l’étranger, il devra être investi à distance, ce que les services juridiques du Parlement catalan jugent contraire au règlement.

Et s’il rentre, le parquet général a averti que son immunité parlementa­ire n’empêcherai­t pas son arrestatio­n.

 ?? JONATHAN NACKSTRAND AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Le président catalan déchu quitte l’Université de Copenhague, au Danemark, où il a assisté à un colloque, lundi.
JONATHAN NACKSTRAND AGENCE FRANCE-PRESSE Le président catalan déchu quitte l’Université de Copenhague, au Danemark, où il a assisté à un colloque, lundi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada