Fin de la paralysie de l’État à Washington
Démocrates et républicains sont parvenus à un compromis temporaire
Le président américain, Donald Trump, a salué comme une grande victoire de son camp le compromis budgétaire temporaire conclu lundi au Congrès mettant fin à la fermeture partielle de l’administration fédérale qui menaçait de faire tourner le pays au ralenti.
À l’issue d’intenses négociations en coulisses, les leaders démocrates du Sénat ont accepté un texte assurant le financement de l’État jusqu’au 8 février, avec l’objectif affiché de trouver un accord sur le sort de centaines de milliers de clandestins arrivés jeunes aux États-Unis, connus sous le nom de « Dreamers ».
«Je suis content que les démocrates aient décidé de se montrer raisonnables», a indiqué Donald Trump dans un bref communiqué lu par sa porte-parole Sarah Sanders.
Conséquence directe de cette sortie de crise: l’occupant de la Maison-Blanche participera comme prévu en fin de semaine au Forum économique de Davos, en Suisse. Un an presque jour pour jour
« Le président, qui se vante d’être un grand négociateur, a joué un rôle de spectateur Le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer
après son arrivée au pouvoir, il aura l’occasion d’y livrer vendredi sa vision de «L’Amérique d’abord» devant un parterre de chefs d’État, de dirigeants d’entreprises et de vedettes d’horizons divers.
Immigration
La pilule a un goût amer pour l’aile gauche du parti démocrate qui voulait poursuivre le bras de fer: le vote sur ce budget temporaire est finalement passé sans contreparties fermes sur l’immigration de la part des républicains.
Ce compromis a été adopté par le Congrès — à 80 voix contre 18 au Sénat puis par 266 contre 150 à la Chambre des représentants — quelques heures plus tard et a été transmis au président Trump, qui a signé le texte en milieu de soirée.
Le premier shutdown de l’ère Donald Trump aura donc duré trois jours. Le dernier, qui remonte à 2013, sous Barack Obama, avait duré seize jours.
«Les démocrates ont compris que leur position était indéfendable», a lancé tout sourire Sarah Sanders lors de son point de presse quotidien.
Le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a justifié sa décision d’aller au compromis par la nécessité d’avancer de manière constructive sur l’immigration. Et a longuement ironisé sur la confusion régnant, selon lui, à la Maison-Blanche.
«Les républicains n’ont jamais pu avoir une idée claire de ce que leur président voulait», a-t-il lancé. «Le président, qui se vante d’être un grand négociateur, a joué un rôle de spectateur », a-t-il ajouté.
Mais la partie s’annonce compliquée pour les démocrates qui souhaitent aboutir rapidement à la régularisation des «Dreamers », dont le statut temporaire accordé sous Barack Obama a été supprimé en septembre.
Certes, l’accord budgétaire obtenu lundi n’est que temporaire et la nouvelle échéance du 8 février leur donnera de nouveau l’occasion de faire valoir leur point de vue.
« Les démocrates ont potentiellement la possibilité de provoquer un nouveau shutdown si aucune avancée n’est enregistrée sur l’immigration dans les semaines à venir», a souligné Molly Reynolds, chercheuse à la Brookings Institution.
Mais ils ressortent malgré tout affaiblis de ces trois journées de négociations budgétaires acrimonieuses.
Dès l’entrée en vigueur du shutdown, la Maison-Blanche avait affirmé qu’il ne serait pas question de négocier sur l’immigration tant qu’un budget temporaire n’aurait pas été voté. Elle a, de fait, eu gain de cause sur ce point.